“Papa eh hé : Toto m’a frappé ! Maman eh hé : Toto m’a injurié ! Papa eh hé : Toto a pris ma place ! Maman eh hé : Toto a coupé mon pain !”

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Ça, c’est le nouveau narratif du grand-frère Etat congolais dans ses rapports tumultueux avec le petit-frère Etat rwandais…

“Dans un communiqué diffusé lundi 29 juillet, le Gouvernement congolais demande à l’OACI de sanctionner les RDF et leurs alliés AFC/M23. Il les accuse de compromettre la sécurité du transport aérien civil à travers des attaques de brouillage posant un risque significatif pour tous les vols dans la région du Nord-Kivu. Kinshasa indique que ‘des interférences dangereuses sont observées dans les systèmes de positionnement global (GPS) des avions. Ces perturbations, causées par des attaques de brouillage et d’usurpation d’identité (‘spoofing’), touchent les zones de vol de la province du Nord-Kivu autour de Goma, incluant Beni, Butembo, Kibumba, et Kanyabayonga’. Ces actes compromettent gravement la sécurité du transport aérien civil, posant un risque significatif pour tous les vols, y compris les compagnies aériennes commerciales, note le communiqué, signé par le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya. Il redoute également leur incidence négative sur les missions humanitaires dans la région. ‘Ces brouillages sont l’œuvre des Rwanda Defense Force (RDF) et de ses alliés, les terroristes de l’AFC/M23′, souligne Kinshasa, citant une enquête technique réalisée par les services compétents et corroborée par des rapports d’experts des Nations unies”. Reprise intégralement et publiée ce mardi 30 juillet 2024, cette dépêche est de radiookapi.net. De quoi en rajouter à une crise diplomatique et sécuritaire déjà déstabilisatrice pour la sous-région des Grands Lacs et, bien entendu, retarder le retrait de la Monusco non sans accélérer le déploiement de la Force régionale de la SACD…”.

Preuve d’un État sans ambition d’exercer quelque leadership

Voulu exprès moqueur, provocateur, mais surtout interpellateur, le titre renvoie au désespoir de tout parent réduit à constater les penchants plaintifs, pleurnichards de l’aîné (e) de ses enfants face aux caprices du cadet (ou de la cadette). Aucun parent responsable ne s’en réjouit. Au contraire, il souhaite secrètement voir l’aîné infliger une correction “disproportionnée” à son petit-frère ou petite-sœur qui, de façon consciente ou même inconsciente, trouve une joie indicible dans la provocation.

Ainsi en est-il de la communauté internationale (parent) face à la RDC (grand-frère) et au Rwanda (petit-frère).

Certes, une partie de l’opinion congolaise est pour un affrontement direct Fardc/Rdf. Une autre est plutôt pour des opérations coups de poing, genre raids.

Et là, juste un exemple, certains en viennent, non sans raison, à se demander comment le Rwanda peut-il se permettre de brouiller le système de communication aérien dans le Kivu, et la RDC semble ne pas avoir les capacités techniques d’en faire autant ! Car en termes de fréquentation aérienne, le trafic sur l’aéroport international de Kigali est plus important que celui sur l’aéroport international de Goma.

S’il s’avère que notre pays n’en a pas la capacité, c’est la preuve que nous sommes un État sans ambition d’exercer quelque leadership.

Autre exemple : le Rwanda, comme tous les États du monde, ne peut pas dire qu’il est blindé contre toutes formes d’attaques. L’histoire récente du monde le prouve : les unes collectives, les autres isolées, les attaques et contre-attaques sont légion dans tous les États. Par quoi alors s’explique la capacité du Rwanda d’infiltrer les Fardc et d’y mener des actions terroristes, et l’incapacité de la RDC d’infiltrer aussi la Rdf pour le même objectif !

Par quoi s’explique, en plus, la capacité du Rwanda de convaincre les “partenaires de la filière minière” de s’approvisionner en minerais de sang en provenance du Congo pendant que la RDC, elle-même, est incapable de leur proposer mieux puisqu’étant le propriétaire des gisements concernés ? Au contraire, on l’entraîne dans la voie suicidaire d’un procès à charge d’Apple sans en peser l’effet boomerang ! Le cabinet d’avocats français chargé du dossier percevra ses honoraires, mais la RDC risque, quant à elle, de perdre des partenaires potentiels de la Hi-Tech.

Déjà, le Petit Rwanda dame le pion au Grand Congo dans l’exploitation du gaz méthane sur le lac Kivu, propriété commune aux deux pays. Pendant que le Nord-Kivu et le Sud-Kivu peinent à jouir de cette énergie à leur portée, le Rwanda l’exploite au maximum à son profit.

Ayons le courage et l’honnêteté de l’admettre

Le leadership – Honni soit qui mal y pense ! – c’est la capacité de mettre à profit les atouts dont on dispose et d’en faire bénéficier en priorité la communauté pouvant être une famille, une école, un travail, une église, une ONG, un parti politique etc.

C’est bien, pour la RDC, de se présenter au monde en grand Etat au cœur de l’Afrique avec de grandes ressources au point de s’afficher “pays solution” !

Mais, que valent ces atouts si, en 64 ans d’indépendance, le FMI (qui nous assiste et nous félicite pour nos performances dans la gouvernance financière) nous classe calmement parmi les 10 pays les plus pauvres au monde !

Et là, ayons le courage et l’honnêteté de l’admettre, ce n’est pas à cause du Rwanda, moins encore de l’un ou l’autre des 8 voisins constituant la base de la Communauté internationale.

Ces 9 voisins savent leur propre existence rivée à la RDC. Jusqu’en 2015, neuf des 11 provinces congolaises partageraient les mêmes frontières avec les 9 voisins. Il s’agit, pour rappel :

-du Kongo Central avec l’Angola et le Congo-Brazzaville,

-de Kinshasa avec ce pays,

-du Bandundu avec le même pays,

-de l’Equateur avec le Congo-Brazzaville et la RCA,

-de la Province Orientale avec la RCA et le Soudan du Sud,

-du Nord-Kivu avec l’Ouganda et le Rwanda,

-du Sud-Kivu avec le Rwanda et le Burundi,

-du Kasaï Occidental avec l’Angola, et

-du Katanga avec la Tanzanie, la Zambie et l’Angola.

Seuls le Maniema et le Kasaï Oriental n’avaient pas de frontières avec un pays voisin.

C’est pour relever le rôle central (lisez leadership) de la RDC dans la stabilité ou l’instabilité dans la sous-région, voire dans la région.

Buffle et abeille Rwanda

Que le Rwanda ait reçu des ” maîtres du monde ” mission d’entretenir la déstabilisation continue de la RDC n’a rien de surprenant.

A l’époque de DLC (Demain Le Congo), nous avions eu à comparer la RDC au *buffle* et le Rwanda à l’ abeille.

Il suffit à l’abeille d’entrer dans sa narine pour que le buffle, enragé, se mette à détruire indistinctement tout ce qui l’entoure, écrasant amis et ennemis.

Pour sa sécurité, la communauté internationale directe (9 voisins) a l’obligation de le neutraliser avec, au pire, une balle qui tue ; au mieux, une balle qui endort. Dans les deux cas, le buffle s’affaisse.

Apparemment, à force de réagir par “Papa eh hé : Toto m’a frappé ! Maman eh hé : Toto m’a injurié ! Papa eh hé : Toto a pris ma place ! Maman eh hé : Toto a coupé mon pain !”, c’est Kinshasa qui cesse de rassurer.

Il y a moins d’une décennie, le discours politique promouvait la thèse d’une RDC cause d’insécurité dans la région.

Dix ans après, chacun est libre de constater le statu quo pendant que le leadership politique a pourtant changé !

C’est à croire que ce discours avait été suggestionné pour préparer le Congolais à l’ inexorable…

Omer Nsongo die Lema

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