C’est l’une des pages moins connues- on devrait dire méconnue – de l’Histoire des villes en République Démocratique du Congo. Page Mbuji-Mayi, ce « gros bidonville » à ne pas confondre avec la ville Miba (Minière de Bakwanga) bien urbanisée, elle, même si elle a vieillie.
Fait indéniable : Mbuji-Mayi n’avait pas d’existence légale au 30 juin 1960.
Déjà, son nom même (Mbuji = bouc ou chèvre) et Mayi (eau) lui enlève toute rationalité. « Ça n’a aucun sens», nous disait le patriarche Jonas Mukamba en 2000 lorsqu’il nous avait fait l’honneur d’une compagnie studieuse d’abord à la Démiap, ensuite au Cprk !
Le belge, qui ne voulait pas d’une présence populeuse dans l’hinterland de la Miba, avait préparé pour les autochtones, à plus d’une centaine de kilomètres, la ville de *Luluabourg*, actuellement Kananga, envisagée comme future capitale du Congo après Vivi, Boma et Léopoldville (Kinshasa).
C’est ainsi qu’à Mbuji-Mayi, on ne trouve trace du type de *lotissement urbain* caractérisant tous les chefs-lieux des provinces, des districts, voire des territoires. Notamment avec des parcelles bien alignées, riveraines des artères aérées, des bureaux administratifs, des écoles, des centres médicaux, des parcs, des aires sportives, des centres culturels etc.
Quand on survole des cités comme Gungu dans le Kwilu ou Kamina dans le Lomami, on sent l’utilisation de la même latte, avec le même crayon, qu’à Mbandaka, Matadi, Kindu, Kisangani, Kolwezi ou Bumba.
En plus, dans sa majorité, l’ *élite Luba* n’avait pas été formée à Mbuji-Mayi mais plutôt dans l’actuelle province du Kasaï Central et ailleurs (Katanga, Kivu, Léopoldville…).
Les célébrités comme Albert Kalonji, Jonas Mukamba, Joseph Ngalula et autres Etienne Tshisekedi avaient fréquenté les grandes écoles situées, entre autres, au Kasaï Central.
Les troubles ethno-tribaux survenus la veille et au lendemain de l’indépendance seront à la base du retour *massif* et malheureusement *désordonné* des Baluba dans leurs terres ancestrales de l’actuel Kasaï Oriental.
Conséquence : Mbuji-Mayi est la *première ville fondée* après l’indépendance du Congo le 30 juin 1960 sans toutefois bénéficier, à la différence notable de Gbadolite, des moyens de l’Etat en ressources humaines, financières et techniques à 100 %.
Elle sera livrée à la débrouillardise. Au moins, a-t-elle en elle l’esprit de l’ *auto-prise en charge.
Il est vrai que la politisation a énormément fait du tort à cette ville devenue, malgré elle, la concentration de toutes les frustrations rentrées des populations à l’égard des tenants du pouvoir surtout à partir des années 1980. Celles liées à la contestation du Mpr Parti-Etat. Donc à la naissance de l’Udps.
Mgr Tharcisse Tshibangu, dont on commémore l’an 1 de son décès survenu le 29 décembre 2021, avait en son temps interpellé le leadership kasaïen en lui posant cette question à la fois sincère et simple : « *Pourquoi vous ne vous sentez à l’aise qu’ailleurs ?* ».
Restée des années durant ignorée de sa « Diaspora étrangère et kinoise » qui préfère investir partout sauf dans le Kasaï, et encore le Kasaï Oriental, Mbuji-Mayi a aujourd’hui *droit à la réparation*.
Après tout, elle voit comment d’autres « Diasporas » contribuent à la construction des villes modernes comme Goma, Boma, Bunia, Kalemie, Kolwezi etc. au travers de l’initiative privée.
Certes, l’ère de l’exploitation artisanale du diamant est vraisemblablement révolue. Mais, le Kasaï, ce n’est pas que le gemme. C’est aussi le *cuivre* et le *cobalt* comme au Katanga, le *fer* comme dans l’ex-Province orientale pour les minerais ; le *calcaire* , les *moellons* , l’ *argile* et le *bois* pour les Btp ; le *maïs*, le *manioc*, le *riz* , les *arachides* , la *pistache* , l *’igname* et les *noix de palme* pour l’agriculture, selon la très crédible Anapi.
Mbuji-Mayi est une ville appelée à être riche de par ses origines : la *volonté de survie de sa population*.
Elle est restée pauvre par du fait de son leadership condamné à se rattraper. Pour avoir inspiré *Tshilejelu*, c’est donc par elle que ce programme sera jugé.
Comprenne qui pourra !
Omer Nsongo die Lema