Le révérend Mgr Kanda Blaise qui prêche, clamant que l’Eglise est toujours dans l’opposition, profère une contre-vérité historique, théologique et pastorale. La place de l’Eglise catholique n’est ni dans l’opposition, ni dans la mouvance au pouvoir. Sa place est du côté des pauvres et des sans-voix, qui se trouvent et dans l’opposition et dans la mouvance au pouvoir.
Ce prêtre fait continuellement des confusions dans ses prédications, confusion entre interpellation et opposition, confusion entre doctrine catholique et fondamentalisme, confusion entre prédication liturgique et campagne d’évangélisation, confusion entre offrande liturgique et quêtes d’associations de bienfaisance, confusion entre célébration dominicale et recollection hebdomadaire, confusion entre l’Evêque et l’Eglise…
Pour ce prêtre, l’Eglise catholique est détentrice de la vérité, inattaquable; il ignore que toute Eglise, tout en étant << sainte » est pécheresse, et qu’elle connait des «< dérives » ; si ce prêtre connaissait l’histoire de l’Eglise, il se serait rappelé que Jésus n’était pas dans l’opposition des Zélotes de son temps, que l’Eglise du 4ème et 5ème siècles était du côté de l’Empereur, que celle du Moyen-Age était du côté de la Noblesse, que celle des Temps modernes était du côté des Erudits, que celle des missions du 16 au 19ème siècles était du côté des conquistadors et des Colons, que Patrice Emery Lumumba était vomi par les prélats catholiques à cause de son penchant vers la Russie communiste…
Le président de la République a interpellé l’Eglise catholique par rapport à des «< dérives » évidentes pour tout celui qui veut voir : Pendant une célébration eucharistique ayant lieu aux approches des élections, quand le célébrant cite le nom de M. Katumbi et le fait se lever pour le présenter en < homme de foi >> dans toute l’assemblée, il verse en plein dans la « dérive », il fait de la propagande politique ; ce fut de même à la clôture du congrès eucharistique de Lubumbashi où M. Katumbi a été cité, du haut de la chaire à l’autel, par l’Evêque de Lubumbashi comme «< bienfaiteur »>.
Je fais la même observation théologique, sans lui prêter une intention propagandiste, pour l’Evêque de Mbuji-Mayi qui, alors que la campagne des élections a débuté, dans son mot touchant et émouvant a énuméré les « réalisations » du gouvernement en place. Les avertissements du pape François sont bel et bien mis en sourdine par nos prélats; les derniers conseils du Nonce apostolique sont carrément ignorés ! La fin du discours du président Tshisekedi a été des plus élogieuses à l’égard de l’institution catholique dont il a vanté le rôle dans l’éducation, dans les œuvres caritatives et le sérieux dans la réalisation des projets sociaux; mais on l’oublie.
Nous prêtres, évêques et cardinaux, notre place n’est pas sur la scène politique; nous avons des laïcs chrétiens, élus, formés, habilités à mener des combats politiques; laissons-leur la place politique, ne méprisons pas notre parlement; n’abusons pas de l’audience gratuite dont nous jouissons de par notre rôle de pasteurs, pour marteler et enfoncer nos opinions politiques pendant les liturgies; agir ainsi est une profanation du culte divin. Nous avons à prêcher << politique » non pas à l’église et au culte, mais par l’exemple d’une vie humble, sobre, droite, pure, respectueuse des lois du pays, de tout être humain et de ses opinions.