Dur, très dur par ces temps d’être communicateurs de la famille politique ou biologique des Tshisekedi, surtout tshisekediste pur ou dur, et croire garder la sérénité. Félix Tshisekedi ‘post-épreuve médicale’ est devenu insaisissable autant pour ses proches que pour ses partenaires. A commencer par ceux qui se réclament de lui-même dans leurs dérapages, allusion faite aux éléments dits “Force du Progrès”, aujourd’hui en disgrâce. Doivent se sentir interpellés aussi ceux qui sont cités en titre. Tenez !
Force du progrès : peu sont les chances de survie
Ayant défrayé la chronique dans une sale affaire de “coup de main” pour un procès de conflit foncier et immobilier ethnotribalisé et politisé, affaire ayant dérapé avec une intrusion maladroite dans le voisinage de la résidence de Joseph Kabila, la sortie de “Force du Progrès” le 31 juillet dernier a donné lieu à des actes portant atteinte à l’autorité établie. On a vu, par exemple, Me Joël Kitenge défier le chef de la Police provinciale de Kinshasa, le général Blaise Kilembalrmba, avant de se rétracter. Le tort de l’officier est d’avoir procédé à l’arrestation au sein de cette structure. On a vu et entendu les éléments aux arrêts entonner l’hymne du parti en plein procès ; de quoi rappeler les “Makesa” d’un certain Ne Muanda Nsemi dans les mêmes circonstances d’arrestation et de procès.
Dans son compte x.com du 9 juillet dernier, Steve Wembi va relayer les les propos de Gecko Beya suivants : “Le président m’avait demandé de ne plus gérer ce mouvement pour faire autre chose. Ces derniers temps, il a fait appel à moi, pour me dire que la force du progrès était en train de prendre une autre dimension”. Par président, Gecko parle de Félix Tshisekedi.
Ce qu’on sait du procès en flagrance ouvert le 5 août 2024 à charge des meneurs du “coup de main” se résume en ceci :
-peine de mort prononcée contre 17 prévenus dont le chef de bande Anti-balle, de son vrai nom Kennedy Ngandu wa Ngandu ;
-condamnation d’autres à 10 ans prison ;
-condamnation à 2 ans de prison du bâtonnier honoraire ayant eu recours à Force du Progrès pour l’exécution d’un jugement ;
-acquittement d’une cinquantaine d’éléments arrêtés.
Depuis, personne à l’Udps n’ose prendre publiquement fait et cause pour “Force du Progrès” au risque d’entrer en contradiction avec le chef de l’État et la justice.
Peu sont alors les chances de cette structure impliquée dans plusieurs actes infractionnels à Kinshasa et en provinces de survivre.
Augustin Kabuya : président intérimaire non statutaire contre CDP statutaire
Gecko Beya, c’est l’homme qui a enclenché à la suite de Dr Eteni Longondo la fronde contre le président intérimaire (poste non statutaire) assumant concomitamment celui de secrétaire général (poste statutaire) de l’Udps : Augustin Kabuya.
Faisant de la résistance, ce dernier a reçu un message “subliminal” qu’il se devait de comprendre : son ticket pour le Sénat avec le candidat Udps Afani Idrissa Mangala a été retoqué. Surtout après d’autres incidents entre pro-Kabuya et anti-Kabuya survenus au Palais du Peuple avec casses. La Haute Autorité de Référence (HAR) Félix Tshisekedi a préféré s’en tenir à la promesse faite aux alliés Katangais, promesse fortement médiatisée par un Dany Banza sérieusement pris à partie par les communicateurs… tshisekedistes.
Droit dans ses bottes, la HAR a jeté son dévolu sur Jean-Michel Sama Lukonde.
Jean-Michel Sama Lukonde, Kabiliste ?
Une campagne de diabolisation virulente (et dont seul l’Udps détient le secret) a été menée par les mêmes communicateurs contre ce candidat dont ils ont rappelé le passé kabiliste, originaire d’un Katanga redevenu kabiliste !
Tous, par anticipation, vont se mettre en tête le schéma d’un impeachment à l’américaine au cas où Félix Tshisekedi venait à abandonner le poste pour cause de maladie, de démission ou de décès. Pour certains, la succession doit rester dans l’Udps (ce qui est normal, même au profit d’une autre province). Pour d’autres, elle doit revenir à un luba, pour d’autres encore à la famille Tshisekedi !
Certains, pris de zèle, en sont venus à qualifier de zéro le bilan de Sama Lukonde à la primature, oubliant que ce bilan est d’abord celui du Chef de l’Etat ! Ils ne se sont plus souvenus de la terminologie utilisée dans les comptes rendus des conseils des ministres, notamment les bouts de phrase du genre : “Le Président de la République a instruit”,”Le Chef de l’Etat a recommandé”…
Nicolas Kazadi : la dignité bafouée
C’est la même équipe de communication qui a descendu en flammes le ministre des Finances Nicolas Kazadi comme jamais cela n’a été fait à un argentier du pays depuis quasiment l’indépendance.
Certes, les communicateurs tshisekedistes ont fait oeuvre utile puisqu’ils ont estimé préserver la dignité, l’image du Chef de l’État, se sont-ils dits.
Mais, dans l’interview du 6 août 2024, Félix Tshisekedi a ouvertement exprimé son désaccord pour la méthode employée. _”On veut juste jeter Nicolas Kazadi en pâture_”, a-t-il déploré.
Résultat : face à ce message “subliminal”, les communicateurs tshisekedistes ont dû avaler leur langue !
Aux Tshisekedistes d’ouvrir l’œil, et le bon
Entre-temps, le déchaînement des éléments touche jusqu’à l’existence même de l’Udps, car la crise y va crescendo.
La présidence intérimaire (non statutaire) assurée par le secrétariat général (statutaire) remet en cause les actes de la CDP, elle-même structure statutaire du parti !
Pour plus de compréhension, on assiste à une véritable première : un organe *non existant* dans les statuts de l’Udps (présidence intérimaire) contexte les actes de la CDP qui, elle, est statutaire.
Or, au lieu de se prévaloir de son titre de secrétaire général (statutaire) qui lui permet d’agir dans la “légalité” du parti, Augustin Kabuya préfère plutôt agir en président intérimaire (non statutaire) pour affronter la CDP statutaire.
Et Félix Tshisekedi dans tout ça ? Il se contente de considérer qu’il s’agit d’une crise passagère. “Vitalité démocratique”, a-t-il tranché.
Sans préjuger de quoi que ce soit, les Tshisekedistes doivent apprendre à réfléchir à haute voix. Son second mandat étant acquis (il est en poste jusqu’à 2028 tant que rien ne vient troubler son mandat, et encore qu’il y ait dialogue ou pas dialogue), Félix Tshisekedi n’a nullement besoin d’un parti qui l’affaiblit en interne et en externe avec des hérésies comme celles de “Force du Progrès”, des misères comme celles d’Augustin Kabuya, des insultes comme celles adressées à Sama Lukonde, de l’opprobre comme celle jetée sur Nicolas Kazadi.
Est-ce une première au pays des ” premières ” ? Pas du tout.
Ce “désamour” a été observé :
-sous Mobutu à partir du 24 avril 1990 par rapport au Mpr fait privé ;
-sous Laurent-Désiré Kabila à partir du 2 août 1998 par rapport à l’Afdl ;
-sous Joseph Kabila à partir du 24 janvier 2019 par rapport au Pprd/Fcc.
On a l’impression qu’à un moment de leur carrière, quelque chose se casse dans la vie des chefs d’État. Ce qui les amène à se fier à un pré-carré composé essentiellement de spécialistes en Constitution, Lois de la République et Droit international, en sécurité civile et militaire, en Diplomatie, en Finances et en Communication.
Preuve qu’une fois à la tête du pays, ces compatriotes voient les choses différemment du commun des mortels que nous sommes.
Et là, la fameuse “Pyramide Renversée” ou “Pyramide Inversée” a tout d’un boulet que Fatshi ne veut plus traîner à ses pieds.
Le “message subliminal” envoyé à l’Udps est apparemment celui de l’observation. Lorsque les camps en présence auront fini de s’étrangler, peut-être que c’est sur le survivant Félix Tshisekedi va miser pour sa remontanda. Ou sa retraite.
Moralité : ses messages “subliminaux” à l’Udps via Force du Progrès, Augustin Kabuya, Sama Lukonde et Nicolas Kazadi sont à interpréter calmement.
L’autre dirait plutôt froidement…
Omer Nsongo die Lema