
C’est désormais officiel : la République démocratique du Congo (RDC) a décidé d’instaurer des quotas sur la production de cobalt et les stocks accumulés à l’issue des quatre mois de suspension des exportations, décidée en février 2025. L’annonce a été faite par la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, lors du Conseil des ministres du vendredi 14 mars.
Selon le compte rendu de cette réunion, ces quotas seront de deux types : l’un appliqué aux exportations et l’autre à la transformation locale du cobalt. Le document ne donne cependant pas plus de détails. On ignore donc les volumes concernés, ainsi que les modalités de mise en œuvre, observe Bankable.africa. On sait seulement que « les responsables concernés par ces actions ont été appelés à les implémenter avec célérité et efficacité ».
Par ailleurs, la RDC entend « obtenir la collaboration de l’Indonésie, autre grand producteur de cobalt, afin de mieux contrôler l’offre sur le marché mondial et, par conséquent, son prix ». L’Indonésie, qui détient 9,66 % des parts de marché, est le deuxième producteur mondial de cobalt. À elles deux, la RDC et l’Indonésie contrôlent plus de 85 % de la production mondiale.
Depuis la suspension des exportations de cobalt, les prix ont bondi sur le marché international. La semaine dernière, l’hydroxyde de cobalt a par exemple atteint 10,5 dollars la livre, soit une hausse de 84 %. Cependant, plusieurs experts estiment que cette tendance pourrait s’inverser si la reprise des exportations entraîne un afflux massif de cobalt sur le marché. Le gouvernement congolais affirme d’ailleurs que les nouvelles mesures visent à assurer un « encadrement efficient » de la suspension des exportations.
La réaction du marché et des acteurs locaux du secteur face à ces nouvelles mesures reste attendue. Mais, selon Africa Intelligence, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) serait opposée à la suspension des exportations de cobalt. D’après le média français, la Chambre des mines de la FEC a même adressé un courrier au ministre des Mines, Kizito Kapinga Mulume, le 7 mars, dans lequel elle exprime ses griefs.
L’organisation patronale estime notamment que cette décision va à l’encontre des dispositions du Code minier congolais. Selon la FEC, ce texte, qui a une valeur juridique supérieure, garantit aux opérateurs la liberté de commercialiser leurs produits. Elle propose alors la création d’une commission ad hoc public-privé afin de résoudre les problèmes engendrés par cette décision.
Pierre Mukoko