Le Jour J+60 prévu dans la feuille de route du mini-sommet de Luanda du 23 novembre dernier devait intervenir le *dimanche 22 novembre 2023. En effet, au point 8.l, est indiquée la « Reprise du dialogue bilatéral entre la RDC et le Rwanda en vue de la normalisation des relations diplomatiques et de la reprise de la coopération (Jour J+60) ».
Evidemment, il y a des préalables, notamment :
– pour le *Jour J*, la « _Cessation des hostilités en général, et en particulier les attaques du M23 contre les Fardc et la MONUSCO à compter de vendredi, 25 novembre 2022 à 18h00_ » ;
– pour le *Jour J+2*, le « _Retrait du M23 des zones occupées et retour à ses positions initiales à Sabinio côté RDC, sous le contrôle des FARDC, de la Force Régionale et du Mécanisme Ad Hoc en collaboration avec la MONUSCO_» ainsi que la « _Création d’une zone tampon avec l’appui de la MONUSCO, du Mécanisme de vérification ad hoc et de la Force régionale de l’EAC, comme prévu dans le cadre de la réunion des chefs d’état-major général de l’EAC tenue à Bujumbura, le 8 novembre 2022_» ;
– pour le *Jour J+5*, « _Les FDLR-FOCA, RED-TAMARA, ADF et les autres groupes armés opérant sur le territoire congolais doivent immédiatement déposer les armes et entamer leur rapatriement inconditionnel conformément aux termes du Processus de Nairobi, avec le soutien de la MONUSCO, du Mécanisme ad hoc de vérification et du Force Régionale EAC_» et le « _Désarmement et cantonnement du M23 en territoire congolais sous contrôle des FARDC, de la Force Régionale et du Mécanisme Ad Hoc de Vérification, avec la collaboration de la MONUSCO_» ;
– pour le *Jour J+7*, le « _Retour des Personnes Déplacées Internes (PDI) dans leurs foyers_» et
– pour le *Jour J+10*, la « _Reprise et poursuite des consultations politiques entre le Gouvernement de la RDC et les groupes armés locaux_».
Les faits sur le terrain ne se déroulant pas conformément à la feuille de route, le Gouvernement congolais, par l’entremise du ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères Christophe Lutundula, a tiré la sonnette d’alarme au travers de son communiqué du *17 janvier 2023* fondé sur le mini-sommet de Luanda. Il a fait observer qu’« …. _après avoir saboté les résolutions de ce mini-sommet et tourné en dérision les Chefs d’Etat signataires du Communiqué final sus évoqué par des manœuvres dilatoires répétées et des simulacres de retrait du territoire Kibumba ainsi que du camp militaire de Rumangabo, dont ils contrôlent toujours les localités périphériques et les voies d’accès, le M23 et les Forces de défense du Rwanda (RDF) ont massacré 227 civils congolais innocents dans les localités de Kishishe et Pambo, dans la nuit du 29 au 30 novembre 2022. Ils ont poursuivi leur offensive militaire vers le plateau de Masisi au lieu de se retirer vers la montagne de Sabinyo, côté RDC… ».
Aussi, pour la RDC, « _les terroristes du M23 et les autorités rwandaises qui les soutiennent n’ont pas, une fois de plus, respecté leur engagement, au mépris total de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), de l’Union Africaine (UA), du Conseil de sécurité de l’ONU et des partenaires bilatéraux_».
Le *19 janvier 2023*, par le canal de son porte-parole Yolande Makolo, le Rwanda va fait croire à l’opinion que la RDC a l’intention de se retirer et du Processus de Luanda et du Processus de Nairobi. Il va même plus loin en accusant la RDC de procéder au recrutement des mercenaires étrangers et plus de la poursuite de l’encadrement des Fdlr. Il est vrai que la RDC se dit « _prête à toute éventualité et se défendra par tous les moyens, dans la ligne droite de la déclaration du Chef de l’État le 20 septembre 2022, à la 77ème session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU_ ». Pour le moins surprenante, la tonalité de cette prise de position de Kinshasa convainc Kigali que « _Les tentatives de la RDC de saboter ou d’abandonner ces accords régionaux ne peuvent être considérées que comme un choix de perpétuer le conflit et l’insécurité_”.
Bref, le bras de fer étant sérieusement engagé, et la *date-butoir du 22 janvier 2023 étant dépassée*, c’est le Processus de Luanda qui en prend un coup.
La question est maintenant de savoir qui en est à la base, qui en est la cause.
A dire vrai, ce n’est pas Kinshasa. Car, dans cette insécurité qui règne à l’Est de la RDC, c’est l’avenir des Congolais qui est en jeu. Pas celui des Ougandais ou des Burundais, des Rwandais ou des Soudanais du Sud, les voisins de l’Eac.
En faisant les frais des effets des millions de morts, de blessés, d’exilés, de déplacés de guerre et ceux des pillages des biens publics et privés, la RDC a besoin de paix plus que tous ses voisins réunis. Cela est de la logique élémentaire.
Par conséquent, elle n’a nullement besoin d’être belliqueuse. A moins de l’y pousser, et qu’à son corps défendant, elle en vienne à dire : « *_Assez_* !». Ce à quoi s’attend le Rwanda pour réactiver sa fameuse carte de *victimisation*.
Omer Nsongo die Lema