Les internautes congolais comme ceux d’ailleurs ont découvert avec sidération les images honteuses de nos sportifs dormant à la belle étoile, à même le sol, dans le hall d’un aéroport au Ghana.
Ces images témoignent du peu de sérieux que mettent certains de nos Ministres dans l’exercice de leur fonction. Constatons seulement que ce scandale n’est pas l’œuvre de n’importe qui dans le domaine du sport congolais, mais d’une figure de proue qui, de plus, se distinguait dans la critique exacerbée de ses prédécesseurs à la tête de ce Ministère. Et pourtant, sans vergogne ni gêne, confondant un Ministère de la République avec une entreprise familiale, il a fait montre d’un népotisme sans limite.
Le passage de cette personnalité du journalisme sportif congolais à la tête du sport national a démontré à la face du monde que beaucoup d’entre nous n’ont rien retenu de l’histoire, des dégâts du tribalisme et, plus précisément, des discours de Mobutu contre le népotisme ; conseils qui aujourd’hui appartiennent au patrimoine idéologique nationale.
Les fonctionnaires patriotes de ce Ministère ne se sont pas trompés en se réjouissant de la fin de cette triste aventure familiale. Etonnamment, nombre d’entre nos compatriotes s’interrogeaient comment le Premier ministre, Chef du gouvernement ait été tolérant face au népotisme criant de ce « warrior » que la presse n’a eue de cesse de dénoncer.
Dans le monde multi-compétitif d’aujourd’hui, le sport ne représente pas seulement des jeux ; il est loin de se cantonner au seul aspect d’un amusement. Les activités sportives sont maintenant un ensemble de compétitions influençant considérablement la politique et l’image qu’un pays donne de lui-même à l’extérieur. Ainsi donc, le sport participe de la diplomatie, d’où l’apparition du concep « Diplomatie sportive ». Or dans la diplomatie contemporaine l’image est au centre de toutes les appréciations. A travers le sport, les nations exhibent et confrontent leurs tempéraments et les Etats montrent leur capacité de former et d’encadrer la jeunesse ainsi que leur sens d’organisation. Qui n’a pas remarqué notre fierté légitime d’avoir réussi brillamment l’organisation des jeux de la Francophonie à Kinshasa ?
Rater lamentablement un voyage jusqu’à laisser ses athlètes coucher par terre au vu et au su de tous et balancer sans retenue des explications difficilement acceptables est proprement inadmissible. Ce fait démontre non seulement la légèreté avec laquelle nombre d’entre nous mène les affaires de l’Etat mais aussi le peu de respect que l’on a vis-à-vis de nos champions ; nos ambassadeurs.
Cet incident va-t-il nous apprendre à respecter les métiers que nous ne connaissons pas et à admettre que pour mener une gouvernance dans un quelconque domaine ou secteur, il faut accepter que l’on ne connait pas tout et que tous les talents ou compétences ne logent pas dans sa seule famille biologique ou politique !
La présence d’un bon planificateur-organisateur dans son cabinet aurait permis à Son Excellence, Monsieur le Ministre de coordonner les différentes étapes du voyage ; l’achat des billets d’avion, l’obtention des visas, la réservation des chambres d’hôtel, l’arrivée au lieu des compétitions et un encadrement efficace sur place.
La négligence que dévoile la scène du Ghana nous indique ce qu’avait été le fonctionnement de ce Ministère et de certains autres qui avaient choisi le népotisme comme mode de recrutement et le favoritisme comme méthode de fonctionnement. La sanction d’Accra vient confirmer la nécessité et l’urgence de corriger « les erreurs du passé ».
Espérons que nos futurs Ministres ont analysé et tiré les bonnes leçons de ce grave et honteux incident.
La RDC a plusieurs paris à gagner, et celui sportif n’est pas le moindre. Que cet incident malheureux ne décourage nos athlètes ni tout patriote. Nous devons refuser la désespérance dans laquelle certains semblent vouloir nous tirer.
Jean-Pierre Kambila Kankwende