Delly Sesanga Hipungu a été l’invité à l’émission face-à-face de Top Congo du 19 décembre 2024 où il s’est exprimé sur des sujets tels que la révision constitutionnelle, le processus de Luanda, les prix des biens de première nécessité, le corridor de Lobito, les embouteillages, etc. Au sujet de la révision ou du changement de la constitution, il a parlé de la tentative à la fraude à la révision constitutionnelle. Il souligne qu’il y a une différence entre révision constitutionnelle et changement de la constitution. Et pourtant, quand on suit ceux de l’union sacrée, ils entretiennent cette confusion pour manipuler la population.
A la question de Christian Lusakweno de savoir, pourquoi tout le monde parle de la révision constitutionnelle ? Delly Sesanga pense que cette question doit être posée au président de la République. « Nous pensons que dans ce pays, il y a énormément des priorités, il y a les questions économiques, sécuritaires, l’emploi des jeunes, la stabilité de nos institutions, … Le président de la République n’a trouvé que le changement de la constitution pour obtenir le 3ème mandat ! », s’étonne-t-il.
Et de poursuivre, c’est injuste de dire qu’on ne parle jamais des questions qui concernent la vie de la population. Il y a des milliers des Congolais qui sont en errance. C’est une urgence nationale à laquelle beaucoup de gens ne prêtent pas attention. Sur le front économique, nous avons été de ceux qui ont critiqué la gouvernance de Félix Tshisekedi. L’Odep a fait un rapport fort intéressant qui démontre que nous avons un pouvoir corrompu. Lorsque le pouvoir incompétent, corrompu est incapable de répondre aux questions des concitoyens et ne trouve comme priorité que de faire la campagne pour la révision de la constitution, nous sommes obligés de donner la voix.
Sesanga, précurseur de la révision constitutionnelle ?
A cette question, Delly Sesanga pense que le pouvoir en place en Rdc a distillé beaucoup de mensonges. Le G13 n’a jamais porté une révision constitutionnelle, mais sur la réforme électorale. C’est l’Envol qui a proposé la révision constitutionnelle par voie pétitionnaire. Nous avons arrêté cette démarche en 2020 parce que le pays était en guerre et que cette question ne valait plus la peine. Lorsqu’on sort cette question de son contexte, c’est de la manipulation. La révision constitutionnelle initiée par l’Envol était déjà déposée à l’Assemblée nationale. Ce contre quoi nous nous battons aujourd’hui, ce ne pas la révision constitutionnelle qui est prévue par la constitution, mais la tentative à la fraude à la révision constitutionnelle.
Il en a profité pour faire la différence entre révision constitutionnelle et changement de la constitution. Car à l’en croire, quand on suit ceux de l’union sacrée, ils entretiennent cette confusion pour manipuler la population. Il y a 4 points ;
la portée, le périmètre. Pour une révision constitutionnelle, le changement est partiel. Mais dans le changement de la constitution, le changement est intégral.
Dans la révision constitutionnelle, on maintien la constitution en vigueur qui continue à produire ses effets, notamment l’article 220 et dans le cadre du changement, on abroge la 1ère constitution.
Qui sont bénéficiaires du changement ? Dans la révision, nous consolidons les acquis de la démocratie. Dans le cadre du changement, c’est le président de la République qui est le seul bénéficiaire qui retrouve la possibilité de se représenter comme chef de l’Etat.
Conséquence politique : la division de l’Etat.
Une fois de plus, Delly Sesanga a alerté sur une fraude orchestrée aujourd’hui autour de 3 fausses idées :
Faire croire que la révision et le changement sont identiques
Considérer que la constitution a été élaborée par les étrangers. Et pourtant, la commission constitutionnelle s’est réunie à Kisangani !
Penser qu’il y a une réalité congolaise qui exigerait qu’on ait une constitution adaptée à nous. Ce que les gens appellent la réalité congolaise, c’est la transposition de leurs propres ressentiments. Ce qu’il nous faut, c’est d’inventer une modernité d’organiser le pouvoir.
L’idée d’une constitution rigide est une nouveauté pour protéger les avantages. Ses auteurs n’ont pas lu la constitution de Luluabourg. On ne peut pas autoriser à un individu de changer de constitution parce qu’il veut avoir un 3èmemandat.
Des personnes au-dessus de la loi ?
C’est aussi un mensonge, tranche Delly Sesanga, qui estime que le problème n’est pas celui de textes, mais des individus. C’est la classe politique qui veut penser que sa défaillance vient de la norme. La Cour constitutionnelle telle qu’elle a été composée, n’a pas concouru pour avoir son indépendance. Vous savez comment Tshisekedi a nommé les membres de la Cour constitutionnelle ? Je m’étais insurgé pour dire que c’était irrégulier. Comme c’était aussi irrégulier le remplacement des membres de la Cour constitutionnelle par Joseph Kabila à l’époque. Ça été fait pour qu’on puisse contrôler la justice. Dans la volonté du constituant, il n’a jamais été question d’assurer l’impunité, mais de donner à chacun un juge compétent pour les actes posés.
Fatshi doit-il se prononcer solennellement qu’il ne va pas briguer un 3ème mandat ?
A ce sujet, Delly Sesanga a expliqué comment il a conduit le projet des réformes électorales du G13. « Nous avons tenu d’aller voir le président de la République. De bout en bout, il n’a jamais tenu parole. Nous sommes en face à une tentative de fraude à la révision constitutionnelle qui constitue un crime », dit-il, avant d’ajouter que le président a, lors d’un meeting, dit qu’il veut changer de constitution. Aujourd’hui, ce que l’on veut faire, c’est historiquement ce qui s’est passé en 1967. Ce pouvoir est celui de faible qui ignore l’histoire de notre pays. Ils sont nostalgiques d’un passé que le peuple ne veut plus. C’est une affaire fourre-tout. En 64, les congolais avaient conscience qu’on pouvait abuser du pouvoir, d’où la constitution rigide. On avait copié l’article 5 de la constitution américaine. Quand on regarde le pays, la qualité de la gouvernance, le manque de vision… Ce pays a d’autres urgences. Le président de la République a le droit de refuser de siéger comme sénateur à vie, et non chercher un plébiscite constitutionnel pour rester président à vie.
Sesanga a dénoncé le premier méli-mélo, pour dire qu’on va parler du développement et laisser la politique. « On a un pouvoir qui depuis 6 ans n’a résolu aucun problème des Congolais. Au milieu de ce désastre, le président demande à la population de changer la constitution. Est-ce que vous pouvez avoir 10 millions des personnes en errance et vouloir changer de constitution ? Vous avez des territoires entiers aux mains des rebelles et vous voulez changer de constitution ? Je m’interroge si ce pouvoir n’était pas complice !
Et de soutenir que nous parlons au peuple le langage qu’il veut et qu’il peut entendre. « Nous avons suspendu ce processus de révision constitutionnelle faute d’opportunité. Je continuais à mener la campagne contre la mauvaise gouvernance », précise-t-il. Il a fustigé JP Bemba qui selon lui n’a pas dit comment on gère la politique de la mobilité urbaine. Selon lui, ceux qui gouvernent ont la responsabilité d’apporter des solutions aux problèmes des concitoyens. Sinon, quand nous dénonçons le scandale de 100 jours, le détournement de l’argent sur le centre financier, le projet d’Aréna, etc., c’est une preuve que nous avons une alternative.
Propos rendus par JMNK