La presse parue le lundi 8 janvier 2023 a reproduit un sondage de l’Institut ” Les Points ” présentant dans le ” Top 3 des personnalités ayant bataillé pour la réélection de Tshisekedi ” respectivement Jean-Pierre Bemba pour 68 %, Vital Kamerhe pour 65 % et Miguel Kashal pour 64 %. La singularité du classement est que Bemba et Kamerhe ont des partis politiques ayant pignon sur rue, et encore sur toute l’étendue du territoire national (d’ailleurs ils y sont présentés comme tels), tandis que Miguel, lui, n’a pas de formation politique. Normalement, il était non partant.
Et pour cause !
Voici, en effet, son profil tel que fait dans ce sondage :
“3) Le DG de l’ARSP Miguel Kashal occupe la troisième place de notre sondage avec 64% d’opinions favorables. Le numéro 1 de la sous-traitance a travaillé tout au long du dernier trimestre de l’année 2023 sur la mobilisation des jeunes en général et des entrepreneurs en particulier autour de la politique gouvernementale dans le domaine de la sous-traitance en partant de Kinshasa la capitale où il a sensibilisé les entrepreneurs des secteurs des nouvelles technologies, du domaine brassicole, de l’aviation civile et du secteur de la construction.
“Ce travail immense s’est poursuivi jusque dans les provinces avec comme objectif principal l’émergence de la vraie classe moyenne congolaise. Ceci lui a valu une adhésion de la population congolaise à son action, une population qui voit en lui une personnalité clé dans l’entourage du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi et dont le rôle a été déterminant dans sa réélection le 20 décembre dernier.
“La vulgarisation des textes réglementaires sur la sous-traitance effectuée dans les entreprises de la capitale s’est poursuivie également jusqu’à l’Université de Kinshasa où une grande matinée scientifique a été organisée pour promouvoir la culture de l’entrepreneuriat. Une vulgarisation de la Loi sur la sous-traitance suivie d’un appui aux entrepreneurs.
“A Goma au Nord-Kivu, dans le cadre de la vulgarisation de la Loi sur la sous-traitance, le DG de l’ARSP Miguel Kashal a tenu tout un meeting populaire en marge de l’inauguration du bureau de cet établissement public avec comme message la vision du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi dans le domaine de l’entrepreneuriat, message qui a recueilli une large adhésion populaire.
“Outre ce meeting, le DG de l’ARSP a également animé une matinée scientifique à l’Université de Goma où il a exhorté les étudiants à acquérir des connaissances pour devenir des créateurs d’emplois. Tout comme à Kikwit dans la province du Kwilu, la vulgarisation de la Loi portant règles applicables à la sous-traitance et ses mesures d’application, a également eu lieu dans la province du Kasaï-Oriental, précisément à Mbuji-Mayi. Si, à Kikwit, la sensibilisation des entrepreneurs a été suivie de la visite des entrepreneurs dont ceux du secteur de la panification auxquels l’ARSP a promis un accompagnement afin d’augmenter la production et acquérir des marchés de livraison, à Mbuji-Mayi, le DG de l’ARSP est allé encourager les entrepreneurs congolais qui travaillent dans le domaine des infrastructures dont certains grâce au partenariat public-privé ont effectué la construction de l’hôpital de la Muya, une infrastructure démontrant l’expertise congolaise de pointe.
“Ces actions de proximité ont permis à la population de croire en la volonté du président de changer le quotidien des entrepreneurs congolais et de leurs travailleurs. Une vulgarisation de la Loi sur la sous-traitance qui ouvre la porte à la mise en œuvre de plusieurs réformes.
“Convaincre la jeunesse à apporter un soutien au chef de l’Etat pour sa réélection a été l’action qui a mis le DG de l’ARSP au-devant de la scène politique durant la campagne électorale notamment à Kasumbalesa (au Stade SODIMICO) et au terrain Mutoshi à Kolwezi.
“L’objectif de ces journées de vulgarisation à grande échelle de la Loi sur la sous-traitance a été essentiellement de baliser le chemin pour le Chef de l’Etat afin d’assurer la mise en œuvre des réformes en matière de sous-traitance au cours du second mandat. Si au cours du premier mandat du Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi, des bases solides ont été jetées pour notamment restaurer l’ARSP dans son rôle de garant des marchés dans le secteur privé et d’arbitrage des conflits nés de l’exécution des contrats de la sous-traitance, de contrôle dans les différents secteurs de l’économie nationale et surtout dans le secteur minier du grand Katanga, le second mandat sera consacré à la consolidation des réformes déjà entamées dont l’affirmation du rôle des entrepreneurs congolais dans l’exécution des marchés conclus avec les entreprises principales
“C’est le message principal donné par le DG de l’ARSP Miguel Kashal à travers toutes les villes où il est passé et qui a séduit la population congolaise venue dans les meetings et qui a décidé de donner le deuxième mandat au Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, lui renouvelant ainsi la confiance”.
Retenons ce timing : tout au long du dernier trimestre de l’année 2023. C’est-à-dire octobre, novembre, décembre.
A voir l’espace presque au quadruple consacré à Miguel Kashal par rapport aux 5 premières personnalités citées dont, en ajout, Augustin Kabuya, quatrième avec 58 % et Pius Muabilu, cinquième avec 54 %, tout indique qu’il s’agit d’un publi-message par lequel l’intéressé entend se convaincre Félix Tshisekedi de le garder une fois confirmé par la Cour constitutionnelle vainqueur de la présidentielle du 20 au 26 décembre 2023. Chose d’ailleurs faite depuis ce mardi 9 janvier 2024.
Seulement voilà : “à malin, malin et demi”, dit-on.
En effet, le sondage prouve qu’en novembre et décembre 2023, Miguel Kashal a fait la campagne électorale avec les moyens de l’Etat. Car l’ARSP (Agence de régulation de la sous-traitance dans le secteur privé) est un “*établissement public à caractère administratif doté de la personnalité juridique et placé sous la tutelle du Ministère ayant les Petites et Moyennes Entreprises dans ses attributions”. C’est à l’article 1 du décret n°18/019 du 24 mai 2018 du Premier ministre.
Au même titre que les autres mandataires publics non candidats à un quelconque scrutin, Miguel Kashal savait qu’il est interdit d’interférer dans une question électorale.
D’ailleurs, l’article 36 de la loi électorale – dont la Ceni a pleinement connaissance – interdit l’utilisation des moyens de l’Etat dans une campagne électorale.
Normalement, avec la preuve apportée par ce sondage, la Ceni doit saisir les Cours et Tribunaux pour le cas du Dg de l’ARSP.
En définitive, s’il est une leçon à tirer du sondage effectué par l’Institut Les Points, c’est bien celui de la minimisation de l’apport de l’Udps, pourtant parti présidentiel (4ème place), et de la banalisation de l’apport des autres forces politiques et sociales de l’Union sacrée ayant concouru toutes en faveur du candidat n°20 ! Ce qui a pour effet de fragiliser la plate-forme. Car, les positions occupées par exemple par Modeste Bahati, Mbusa Nyamwisi, Dany Banza, Jean-Michel Sama Lukonde, Laurent Batumona, Christophe Mboso, Samy Badibanga et autres Patrick Muyaya ne sont pas de nature à les amener, demain, à exercer de hautes fonctions dans les Institutions de la République toutes catégories confondues. Si bien qu’on est en droit de se demander quelles ont été les intentions réelles des initiateurs et, certainement, des ” financiers ” de ce sondage, si ce n’est que de faire valoir la citation attribuée à John Fitzgerald Kennedy selon lequel “La victoire a cent pères, mais la défaite est orpheline”
Le moins qu’on puisse dire est que, pour ce sondage, l’Udps voit son leadership récupéré par le Mlc et l’Unc, et son aura gravement entamée.
Comme un malheur ne vient jamais seul, le parti présidentiel est déjà “traqué” en quelque sorte par la Céni qui le classe parmi les formations politiques dont certains membres sont impliqués dans la détention illégale des DEV, c’est-à-dire le bourrage des urnes !
Reste maintenant à savoir comment va-t-il sortir la tête de l’eau.
Et comme par le fait du hasard, c’est le moment que choisissent paradoxalement les Udepesiens pour encenser Denis Kadima, pourtant organisateur d’un processus électoral dont leur parti est la victime principale en termes des dommages latéraux et collatéraux subis.
Se peut-il qu’à leurs yeux, la victoire de Félix Tshisekedi suffit ; la défaite, pardon le sort des autres cadres importe peu !
Se peut-il aussi que l’objectif du sondage soit l’amorce de la reconfiguration de l’Udps…
Omer Nsongo die Lema