Vingt-sept ans jour pour jour se sont écoulés, c’était un certain 18 octobre 1996. A en croire l’histoire, en effet, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération (AFDL), était officiellement fondée par le protocole de Lemera entre Déogratias Bugera, André Kisase Ngandu, Anselme Masasu Nindanga et Laurent-Désiré Kabila. Bien que désigné « Protocole de Lemera », la réunion fondatrice n’a, en fait, pas eu lieu à Lemera en RDC, mais dans un hôtel à Gisenyi, au Rwanda. 27 ans plus tard, le 18 octobre 2023, le ‘conglomérat des aventuriers’, comme l’avait déploré Laurent-Désiré Kabila, son porte-parole devenu Président de la République démocratique du Congo, l’AFDL a muté en RCD, CNDP et actuellement M23, après avoir fauché pas moins de 13 millions de vies des Congolais. La structure guerrière semble rendre son dernier soupir sous le feu des ‘’Wazalendo’’. La guerre est-elle en train de rentrer d’où elle est venue comme l’avait prophétisé Mzee Laurent Désiré Kabila ?
Moral gonflé à bloc, les jeunes combattants Wazalendo, font essuyer aux terroristes du M23 des revers qui défient l’inimaginable il y a à peine quelques semaines. Le sourire moqueur qu’arborait Willy Ngoma, le leadership du M23 ne sera pas le même ce 18 octobre 2023, jour du 27ème anniversaire du Protocole de Lemera.
Des semaines en arrière, la représentante du secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies en RDC, la Cheffe de la MONUSCO ( Mission de l’Organisation des nations-unies pour la stabilisation du Congo), Bintou Keita, avait affirmé devant le Conseil de sécurité des nations-unies que le M23 possédait un arsenal militaire qui surpassait la puissance de feu de la plus importante mission de maintien de la paix au monde qui compte en son sein plus de 200 000 casques bleus, présents depuis plus d’un quart de siècle au Congo.
Mais l’épopée ‘Wazalendo’, depuis début octobre, prouve le contraire. Observant les collines de Bwiza, un reporter qui suit ces jeunes déclare: « dans leurs tranchées, ils savent tenir bon une position conquise. Leur plus grande arme reste l’espoir d’un pays en paix, sans discrimination de communauté », l’arme épouvantail pour l’unité spéciale de l’armée rwandaise M23/RDF.
“Nous avons l’obligation de défendre notre pays. Voilà pourquoi nous sommes réunis au sein de VDP (Volontaire pour la défense de la patrie). Une fusion de plusieurs groupes armés locaux”, a souligné l’un des leaders du groupe d’auto défense Wazalendo qui ont hâte de parader sur Bunagana, le dernier fief du M23.
De Lemera à Bunagana, l’holocauste congolais a trop duré
Après que les rwandais se soient entretués entre compatriotes dans ce qui est désigné ‘le génocide rwandais », en 1994, le Front patriotique rwandais prend le pouvoir au Rwanda. La Communauté internationale impose au gouvernement Kengo, sous Mobutu, d’accueillir sur son territoire des exilés rwandais avec armes et dépendants en violation des principes du HCR. Ces réfugiés sont devenus depuis, l’épine dans la chair de la RDC.
Tout partira de la bataille de Lemera avec massacre qui a eu lieu le 6 octobre 1996 au Zaïre. Soutenus par le Rwanda, les rwandophones, dans la révolte des ‘Banyamulenge’ attaquent la ville de Lemera, massacrent les occupants de l’hôpital de la ville. Cet hôpital était géré par Denis Mukwege qui devient en 2018 Prix Nobel de la Paix. Cet événement marque le début des guerres d’agressions, présentées comme des rebellions, qui opposera l’AFDL avec l’appui du Rwanda et de l’Ouganda au régime de Mobutu Sese Seko.
Depuis, James Kabarebe mettra un plan de décapitation de l’armée congolaise lors du génocide des ex-FAZ à Kitona au Kongo central ; et orchestra des infiltrations des soldats de l’armée patriotique rwandaise (APR) dans la région, tandis que des milices Banyamulenge se constituent pour se voiler derrière des masques RCD, CNDP, M23 et plusieurs autres groupes armés par plus de 120 groupes qui pullulent dans l’est de la RDC.
27 ans après, les jeunes patriotes Wazalendo se lèvent.
Ces jeunes ont parcouru des centaines de kilomètres pour arriver au pic de la montagne surplombant Kitshanga décidé « cette fois-ci mettre fin à cette aventure. Nous avons besoin de la paix pour nos parents, nos sœurs, nos frères, nos enfants. Depuis de décennies, ils errent dans les forêts ici au Nord-Kivu », affirment-ils pour qui leurs vies n’a pas plus de valeur que leur patrie.
“La mort se rapproche davantage, mais tout le monde partira un jour mais d’abord, il faille rétablir la dignité de notre peuple, de notre patrie. Je serai en paix si cette mission est accomplie”, rappelle l’un des combattants Wazalendo.
27 ans après, le Wazalendo se décident à rendre obsolète le Protocole de Lemera.
Willy Makumi Motosia