Christophe Lutundula, Vice-Premier Ministre et ministre des Affaires Étrangères et de la Francophonie de la République démocratique du Congo, a annoncé lundi 23 octobre 2023 lors d’un briefing conjoint avec le ministre de la Communication et des médias, Patrick Muyaya, que suite à sa réunion avec le Chargé d’affaires de l’Ouganda en RDC, Kinshasa et Kampala ont décidé de former une équipe conjointe pour enquêter sur les allégations sur le déplacement présumé des bornes frontalières précisant que les bornes déplacées avaient été clairement identifiées. Au nom du gouvernement, Christophe Lutundula a exprimé sa ferme opposition au déplacement présumé des bornes frontalières et a annoncé que l’équipe conjointe serait chargée de constater sur le terrain si les bornes frontalières avaient été effectivement déplacées.
Avant cette mission sur le terrain, le gouvernement congolais prévoit, en amont, de collecter des informations internes pour mieux comprendre la situation. Ce qui devrait permettre de recueillir suffisamment d’éléments avant de porter l’affaire devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Une équipe nationale d’experts du ministère des Affaires Étrangères et du ministère de l’Intérieur serait envoyée pour mener des enquêtes préliminaires. Par la suite, le gouvernement envisage de solliciter l’intervention de l’Union Africaine, tout en insistant sur le respect des frontières héritées de la colonisation comme un principe fondamental.
Selon wikipedia, « la frontière entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda est une frontière internationale d’une longueur totale de 765 km. Elle suit un trajet grossièrement nord-est/sud-est sur les 4/5e de son parcours, débute au nord au tri point avec l’Ouganda au pied du volcan Sabyinyo. Elle commence au nord au tripoint avec le Rwanda, au pied du volcan Sabyinyo, et traverse les montagnes des Virunga, une chaîne volcanique du Grand Rift, dont le volcan Karisimbi, son plus haut sommet à 4 507 mètres »
« Nous avons montré les bornes qui ont été déplacées, vous avez suivi à la télévision. J’ai rencontré le Chargé d’affaires de l’Ouganda en RDC, et je lui ai clairement fait comprendre que nous ne pouvons pas accepter cette situation. Nous avons convenu de désigner une équipe conjointe qui se rendra sur place pour constater le déplacement ou non des bornes frontalières », a déclaré Christophe Lutundula.
Depuis que le député national Juvénal Munubo avait déposé une question orale avec débat adressée au gouvernement afin d’obtenir des explications sur la situation sur le terrain, des allégations de déplacement des bornes frontalières par l’Ouganda suscitent des vives réactions sur les réseaux sociaux et dans le paysage politique congolais. Des sources locales dans le territoire de Rutshuru, province du Nord-Kivu, avaient rapporté que l’Ouganda aurait installé de nouvelles bornes frontalières, pénétrant ainsi d’environ trois kilomètres à l’intérieur du territoire congolais.
Les résultats des enquêtes de la mission mixte permettront au gouvernement de prendre des mesures pour protéger l’intégrité du territoire national, ainsi que les conséquences potentielles sur les accords économiques et de défense signés entre la RDC et l’Ouganda en cas de confirmation de l’agression.
Déplacement des bornes frontalières par l’Ouganda, une histoire qui daterait du régime Kabila
Selon Patrick Muyaya, le ministre des Affaires Étrangères de la RDC privilégiait les voies diplomatiques pour obtenir des informations plus détaillées et résoudre cette question délicate. Toutefois, le Porte-Parole du Gouvernement précise qu’
” il est hors de question que les périmètres des bornes frontalières, établis depuis longtemps, soient modifiés. Je ne peux pas fournir plus de détails pour le moment, car il s’agit d’une question suivie de près par le ministère des Affaires Étrangères. Le Vice-Premier Ministre et Ministre de la Défense Nationale et Anciens Combattants, Jean-Pierre Bemba Gombo, se réfère également au ministre des Affaires Étrangères pour obtenir des informations à ce sujet. Nous pourrons bientôt vous fournir une réponse, car je sais que cette question suscite de nombreuses inquiétudes avait déclaré à Lubumbashi le 03 octobre 2023.
L’annonce du présumé déplacement des bornes frontalières ne date pas de cette année. A l’issue d’une visite de travail qu’avait effectué le 27 mai 2009 à Mahagi, en Ituri, l’Administrateur délégué général de l’Office des douanes et accises (Ofida, aujourd’hui DGDA), de l’époque Deo Rugwiza, ce dernier avait exprimé ses inquiétudes sur l’emplacement de la barrière douanière dans ce territoire. Le patron des douanes et assises de l’époque avait constaté que la barrière douanière est très éloignée de la frontière naturelle entre la RDC et l’Ouganda.
Bien que ce DG de l’OFIDA actuellement disparu, ait souhaité le rapprochement de cette barrière de la frontière réelle qui sépare les deux pays son initiative n’avait pas eu d’écho. A cette époque, le bureau de la douane se trouvait à plus ou moins 9 kilomètres de la frontière avec l’Ouganda. Le patron de l’OFIDA aujourd’hui disparu, avait dit : « Mais j’aimerais au passage signaler qu’il m’a été rapporté que la borne qui fait frontière entre nos deux pays, l’Ouganda et la RDC, a été déplacée de la frontière naturelle qui est d’ailleurs un ruisseau qui sépare nos deux pays, vers l’intérieur de notre pays.
Je le dis pour que les autorités qui vont m’entendre puissent vérifier ce cas. Parce que, sinon, ce serait accepter le fait accompli, de dire, voilà, là où se trouve le bureau de l’Ofida, c’est là la réelle frontière, alors que je viens de vous le dire, la borne a été déplacée. L’idéal serait de résoudre cette question très rapidement, avant que nous ne puissions construire nos bureaux à la frontière, réelle et effective ». C’était déjà en 2009.
14 ans après, en 2023, l’Ouganda aurait installé de nouvelles bornes frontalières entre le village de Mungo, près de Bunagana, et la colline de Musezero. Provoquant ainsi une incursion d’environ trois kilomètres à l’intérieur du territoire congolais, et la colère de Christophe Lutundula. Donc, Kinshasa s’oppose totalement au déplacement des bornes par l’Ouganda.
Willy Makumi M
otosia