Le journaliste congolais Stanis Bujakera est enfin libre de ses mouvements, après six mois de détention à la prison centrale de Makala. Sa libération est intervenue hier tard dans la soirée alors que peu avant, le ministère public venait d’interjeter appel après le verdict duTribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe rendu, lundi 18 mars 2024.
Ce verdict condamnait le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala, correspondant de Jeune Afrique et Directeur de publication adjoint du média en ligne Actualite.cd à six mois de prison avec une amende de 1 million de Francs congolais. Ainsi, au regard du temps passé déjà en prison, cette peine tombe caduque. Il restera peut être au journaliste de payer justel’amende fixée.
« Les juges ont déclaré établies toutes les infractions à charge de notre client. (…) Ils ont retenu la seule peine la plus sévère, c’est la peine de 6 mois, plus le paiement d’une amende d’1 million de francs congolais », a expliqué Jean-Marie Kabengela, un des avocats du journaliste. C’était avant de souligner que le ministère public était contre le jugement qui a été prononcé par le TGI Gombe, condamnant le journaliste à 6 mois. ” En lieu et place de le laisser sortir de la prison, le ministère public a interjeté appel pour suspendre les effets de la décision rendu au premier degré de cette affaire”, avait fait savoir un autre de la victime.
A lui d’ajouter “Cette affaire sera rappelée en appel au cours de la semaine qui va venir”. Cet avocat fustige l’excès de pouvoir attribué au Ministère public par les lois de la RDC.
“Ce qui est déplorable, c’est l’état de la législation congolaise qui donne au Ministère public des prérogatives aussi énormes pour pouvoir carrément être le dépositaire des libertés individuelles. C’est lui qui a accusé, c’est lui qui fait des enquêtes, qui vient en accusation devant le tribunal, c’est lui qui fait le réquisitoire, c’est lui qui exécute les peines prononcées par les juridictions répressives, c’est lui qui vient encore en appel pour suspendre les décisions prononcées au pénal, c’est lui qui a la surveillance de la prison”, a-t-il fustigé.
Stanis ira en appel
Si le Ministère public a interjeté appel, la partie Stanis Bujakera qui est contre cette condamnation surprise, a promis d’interjeter appel.
« Tous les moyens de défense qui ont été déposés n’ont pas été bien adjugés par les juges. Nous allons conseiller utilement notre client sur la voie à suivre », renchérit Me Jean-Marie Kabengela.
Pour lui, “le tribunal considère les échanges de notre client avec monsieur Romain Gras pourtant l’échange est intervenu plus tard après la publication de Jeune Afrique pour pouvoir lier cette communication comme si elle avait précédé la publication. Ce qui renvoie à une dénaturation des faits”.
JED toujours inquiet
Dans une communication faite après le verdict du tribunal, Journaliste en danger (JED) exprime sa déception face à cette condamnation injuste. Pour JED, le grand écart entre les 20 ans de prison et 7500 dollars d’amende requis par le Procureur et les 6 mois de prison et 400 dollars d’amendes prononcés par le Tribunal démontre bien que le dossier de l’accusation était vide et basé seulement sur la mauvaise foi du Ministère Public et sa volonté de « punir Bujakera » et servir de leçons aux autres journalistes, comme il l à lui-même déclaré au cours d’une audience publique.
Rester mobilisé jusqu’à son acquittement
Jean-Marie Kassamba, président provincial de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC/Kinshasa) invite les journalistes et tous professionnels des médias à se mobiliser pour témoigner leur soutien à Stanis Bujakera.
“Je nous invite à une grande mobilisation dès maintenant pour le soutien de notre confrère… Je vous demande d’être mobilisé pour la suite des évènements. Quelle que soit l’issue, pour nous Stanis Bujakera est un innocent et victime que nous devons soutenir coûte que coûte”, a-t-il lancé.
Directeur de publication adjoint et correspondant de Jeune Afrique, Stanis a été arrêté le 8 septembre 2023 et conduit à la prison centrale de Makala six jours plus tard, soit le 14 du même mois. Il aura donc passé plus de six mois en prison, en attendant l’issue de l’affaire.
Bernetel Makambo