La population congolaise en générale et celle de la province du Nord-Kivu en particulier demeure toujours sous le choc du drame survenu le week-end dernier avec l’explosion dans le camp des déplacés de guerre par les troupes rwandaises qui combattent aux côté de leurs supplétifs de M23 et de l’Alliance Fleuve Congo de Corneille Nangaa. Le bilan de ce carnage a été revu à la hausse contrairement à celui donné juste après l’explosion qui faisait état de 9 morts et 15 blessés.
Selon le gouverneur militaire de Nord-Kivu, le Général de brigade Peter Cirimwami, 14 personnes ont péri à la suite de cette explosion de bombes et 35 autres personnes ont été blessées et les victimes sont en majorité des femmes et des enfants. Il s’agit d’un bilan provisoire qui peut évoluer, a précisé le gouverneur militaire. Ces dernières sont prises en charge à l’hôpital général de Goma, alors que le Fonarev, le Fonds national pour la réparation des victimes des violences s’est chargé de prendre en charge l’inhumation des personnes décédées.
Cette attaque des camps des déplacés de guerre qui n’est pas la première du genre a été suivi de plusieurs condamnations tant sur le plan interne qu’externe. Le gouverneur militaire, Peter Cirimwami l’a qualifié de crime de guerre contre une population civile qui a fui les combats dans leurs milieux naturels pour se réfugier dans ces camps pourtant sécurisé, malheureusement elle est victime de la barbarie. « Nous n’avons pas où aller car c’est notre pays. Nous devons continuer à résister, essayer de compatir ensemble mais aussi continuer à plaider pour que l’opinion international ne puisse pas garder le silence devant le drame que nous sommes en train de passer », a déclaré le Général de Brigade Peter Cirimwami.
Même réaction au côté du Gouvernement Congolais à travers le ministère des Droits humains. Dans un message, Albert Fabrice Puela qualifie cette attaque de crime imprescriptible qui intervient au lendemain de séjour en Rdc de Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. » Nous en appelons à la communauté internationale de cesser avec ce que l’on a appelé l’Omerta. Non seulement nous devons saisir le Conseil de sécurité des Nations unies, mais nous devions aussi saisir les juridictions Internationales afin que le Rwanda puisse répondre de ses actes qui violent les droits international humanitaire », a dit le ministre congolais des Droits humains.
Même réaction de la Commission nationale des droits de l’homme qui appelle aussi à des mesures coercitives contre Kigali et ses supplétifs de M23 qui violent intentionnellement la convention de Genève qui protège la population civile en temps de guerre. Le caucus des députés de Nord-Kivu qui parle des actes cruels a recommandé au Gouvernement de mobiliser les moyens pour la reconquête des localités occupées par les agresseurs, de sécuriser les sites où sont cantonnés les déplacés de guerre avant de demander au conseil de sécurité des nations unies de prendre des sanctions claires contre le Rwanda.
Sur le plan externe, le département d’Etat américain se dit « gravement préoccupé par la récente expansion des RDF et du M23 dans l’Est de la RDC, qui a contribué au déplacement de plus de 2,5 millions de personnes », peut-on lire dans le communiqué du département d’Etat américain, publié quelques heures après le bombardement. Il appelle les deux parties à respecter les droits de l’homme et à adhérer aux obligations applicables en vertu du droit international humanitaire. « Il est essentiel que tous les États respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale de chacun et tiennent pour responsables tous les acteurs des violations des droits humains commises dans le conflit dans l’est de la RDC », indique le communiqué. Et d’ajouter : « Nous continuons de soutenir les efforts diplomatiques régionaux et appelons toutes les parties à prendre des mesures pour apaiser les tensions, éviter de mettre en danger les populations civiles et participer de manière constructive au dialogue pour créer les conditions d’une solution négociée et d’une paix durable »
La goutte d’eau qui fait déborder le vase
Certes, des condamnations vont continuer à fuser de partout pour dénoncer l’attaque des camps des déplacés de guerres, mais cela ne va pas changer les choses si réellement la République démocratique du Congo ne s’assume pas. Cette énième attaque du Rwanda contre les camps des déplacés de guerre doit faire réfléchir les autorités congolaises non seulement à cause de son bilan lourd par rapport aux autres attaques des camps des déplacés, mais surtout par son caractère provocateur. Il s’agit ni plus ni moins d’un message claire lancé contre la République démocratique du Congo, une déclaration de guerre.
L’ennemi vient de changer des stratagèmes. Vu son incapacité à occuper la cité de Sake située juste à la porte de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, il s’emploie maintenant à imposer la peur dans le chef de la population civile afin de chercher à la soulever contre les autorités qui n’arrivent pas à la sécuriser. Déjà la ville de Goma vit depuis un certain temps avec la peur au ventre à cause de cette situation sécuritaire qui ne la rassure pas du tout. Au lieu de continuer à clamer où à se plaindre sur tous les toits du monde au sujet de l’agression rwandaise qui est avérée, la République démocratique du Congo doit riposter contre ces attaques.
Aujourd’hui ce sont les camps des déplacés qui sont la cible de l’ennemi, demain c’est le cœur de ville de Goma qui sera visé et sans doute avec mort d’hommes et des blessés. Le chef de l’État qui était contraint d’écourter sa tournée européenne à cause de ces explosions, devra convoquer urgemment le Conseil supérieur de la défense pour arrêter des mesures non seulement de sécuriser la population civile des camps des déplacés et aussi voir comment contre-attaquer face à ces provocation ou déclaration de guerre du Rwanda. N’est-ce pas feu Mzee Laurent Désiré Kabila n’avait pas hésité à riposter contre les bombes qui étaient tombées à Kinshasa en 1998 lors de la guerre en plein Brazzaville entre les miliciens de Sasou Nguesso et l’armée régulière de feu Pascal Lissouba. Qui veut la paix, prépare la guerre, dit-on. Et la RDC ne doit pas se limiter à écouter des condamnations de la nébuleuse communauté internationale, lesquelles condamnations qui ne rapportent au finish absolument rien, mais doit déclarer ouvertement la guerre au Rwanda qui s’est montré plus d’une fois intolérant et agresseur vis-à-vis de son voisin le Rdc.
RSK