Lorsqu’un Elu, un membre d’une institution ou un personnage public prend la parole à l’Assemblée Nationale pour s’exprimer sur un sujet qui a un impact sur l’opinion et une incidence sur diverses catégories de la Communauté nationale, le seul objectif devrait être la recherche d’une solution équitable pour ne pas briser les équilibres fondamentaux de la société tant du point de vue psychologique que du point de vue sociologique.
Ainsi, s’il est compréhensible qu’un Elu défende sa Contrée ou un sujet qui le tient à cœur, bec et ongles, avec passion et passionnément, l’éthique Lui interdit d’agir sous le coup de l’émotion, selon le dicton bien connu « En toutes circonstances, il faut savoir raison garder ».
En effet, si la passion nourrit la raison et aiguise l’intelligence, l’émotion, par contre, étouffe l’intelligence et brouille la raison. C’est pourquoi les Anciens disaient non sans raison que la colère est une folie passagère. Car, elle ne permet pas à l’Homme ni de se contrôler ni de maitriser une situation donnée.
Certes, nous sommes tous sensibles à la situation des enseignants, mais pour aboutir à une solution équitable, il faudrait tenir compte de la réalité des faits :
Tous les enseignants n’ont pas le même statut ni les mêmes responsabilités entre eux ; nous pouvons distinguer les instituteurs, les moniteurs, les Professeurs assistants, les Professeurs ordinaires, les Professeurs éminents et j’en passe.
Dès lors, il n’est pas indiqué d’établir une comparaison indue entre eux et les citoyens qui occupent d’autres fonctions comme les Ministres, les Elus et les Mandataires publics.
Lorsqu’un Enseignant accepte une charge politique ou sociale, ce n’est pas pour fuir la condition de l’enseignant – d’ailleurs ils se font un honneur de continuer leurs enseignements s’il n’y a incompatibilité -, mais c’est pour servir la Nation dans un autre registre, qui éventuellement lui accorde une rente conjoncturelle de situation, c’est-à-dire appelé à cesser avec la situation qui l’a générée.
Lorsqu’un Elu s’exprime sur un sujet critique et sensible comme le transport, il faut éviter, dans la présentation, une confusion des genres entre un projet mené à maturité et une proposition en cours d’élaboration pour ne pas créer un malentendu préjudiciable dans l’opinion, en suscitant des vains espoirs et des frustrations inutiles.
A l’état de proposition, c’est-à-dire de préfaisabilité, la décision d’achat et du nombre d’avions est encore fluctuante ; tel n’est pas le cas d’un projet définitif et fini qui détermine exactement le nombre et les types d’avions, la durée du délai de livraison…
S’attaquer aveuglement à un vice Premier Ministre pour une proposition qui n’a pas les précisions d’un projet est pour le moins imprudent et hasardeux.
Il en est de même pour des propositions spectaculaires sur le solde des militaires à 500 $, sans en étudier l’impact budgétaire sur les autres rubriques et sur les autres corps sociaux.
Les applaudissements d’aujourd’hui ne sont pas éloignés des huées de demain si tant est qu’il s’avère que l’intervention est manifestement téméraire et non fondée.
N’oublions pas que le Capitole est proche de la roche tarpéienne.
Bref, la parole devant l’Assemblée Nationale est un privilège redoutable et un acte de grande responsabilité qui conditionne l’indispensable sérénité des débats et la convivialité républicaine en vue des solutions adéquates, consensuelles et réelles.
Nul n’a le droit de désacraliser la tribune de l’Assemblée Nationale par des propos revanchards ou de nature à abuser de la bonne foi de l’opinion nationale en jetant les noms des Personnalités en pâture, rien que pour épater son monde.
Comportement irresponsable qui ne mesure pas la portée et l’impact de la parole d’un Député dans l’opinion. Ce cas type d’abus de position sociale ne devrait pas arriver dans une Assemblée aussi auguste.
Fait à Kinshasa, le 05 novembre 2024
Ambassadeur André-Alain
ATUNDU LIONGO
Président National de la CDR