
Nouhou Tolo est la véritable incarnation du fighting spirit à la camerounaise. Son engagement, parfois à l’excès, sa puissance et sa pugnacité ont forcé tous les sélectionneurs qui se sont succédés à la tête de l’équipe camerounaise ces dernières années, à faire de lui, une pièce essentielle de leur dispositif.
En sélection comme en club, la liste des attaquants, dont des super stars, victimes de sa rigueur défensive a eu le temps de s’étoffer. Qui ne se souvient pas de la sale soirée de Mohamed Salah face à lui le 3 février 2022 au Stade d’Olembe à Yaoundé, en demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies 2021, ou des misères de Riyad Mahrez lorsqu’il l’avait croisé avec l’Algérie en barrages des éliminatoires de la Coupe du Monde de la FIFA Qatar 2022 ? Pour ne citer que ces deux cas.
Avec ce style rugueux qui est clairement sa marque de fabrique, le natif du quartier New-Bell à Douala a su conquérir les supporters des Lions Indomptables et des Seattle Sounders qui peuvent tout lui reprocher sauf le fait de ne pas mouiller le maillot.
A la veille des deux prochaines journées des éliminatoires de la Coupe du Monde de la FIFA 2026 où le Cameroun affrontera respectivement l’Eswatini et la Libye, les 19 et 25 mars 2025, le défenseur (arrière gauche) de 27 ans s’est confié à CAFOnline.
Nouhou Tolo qui a déjà goûté à une phase finale de Coupe du Monde en 2022 sait que rien ne sera facile pour ses coéquipiers et lui tout au long de cette campagne des qualifications. Mais il croit que la clé de leur qualification à ce Mondial somme toute spécial pour lui qui évolue en MLS depuis un peu plus de huit années, réside dans la concentration, l’humilité et le travail.
Pour le défenseur des Lions indomptables, la Coupe du Monde représente une opportunité unique pour tout footballeur professionnel et on ne peut la saisir qu’à condition de « mettre le paquet et mouiller le maillot ».
Dans cet entretien exclusif, il revient également sur les échéances qui l’attendent en club, notamment la Coupe du Monde des Clubs qu’il disputera l’été prochain avec les Sounders et évoque son avenir au sein de cette franchise américaine.
CAFOnline : Le Cameroun affronte l’Eswatini et la Libye dans quelques jours en éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Peut-on dire qu’il s’agit d’un tournant décisif pour les Lions Indomptables dans cette campagne de qualifications ?
Nouhou Tolo : Oui, je pense que c’est un tournant pour la suite de la qualification de la Coupe du Monde, c’est des matches à six points, des rencontres qui ne seront pas du tout faciles étant donné qu’aujourd’hui, le football africain est devenu très difficile. C’est à nous de pouvoir rester concentrés, de pouvoir finir le job et de pouvoir préparer les échéances à venir de la plus belle des manières.
La Coupe du Monde se déroulera en Amérique du Nord (USA-Canada-Mexique). En tant que joueur de MLS, est-ce qu’il s’agit d’une compétition spéciale pour vous personnellement ?
C’est une immense fierté, jouer cette compétition dans ce pays, ce serait une immense fierté. C’est à nous de faire le job sur le terrain. Je pense que chacun d’entre-nous est conscient de ce qui l’attend, jouer une Coupe du monde, c’est vraiment quelque chose de spécial.
Le Cameroun est leader du Groupe D avec 8 points, il doit terminer en tête du groupe pour décrocher sa qualification pour la Coupe du Monde. Est-ce qu’il s’agit d’une mission difficile pour vous ?
Une mission difficile ? Oui ! Vous savez, il va falloir rester humble et surtout très concentré parce qu’aujourd’hui, le football a beaucoup évolué. Mais je pense que nous sommes le Cameroun et c’est à nous de le montrer sur le terrain.
Qu’est-ce qu’il faut selon vous pour assurer une qualification à cette compétition ?
Pour obtenir cette qualification, il va falloir gagner tous les matches, sans faire de calculs et je pense que le reste suivra.
Qu’est-ce que la Coupe du Monde représente pour un footballeur professionnel ? Vous avez eu la chance de disputer en 2022 au Qatar, votre première Coupe du Monde, comment avez-vous vécu cette expérience ?
La Coupe du Monde représente quelque chose de grandiose. J’ai eu la chance de disputer la Coupe du Monde au Qatar et vraiment, c’est le rêve de tout footballeur. Ce n’est pas tout le monde qui a cette opportunité, il va falloir mettre le paquet et mouiller le maillot.
Malgré une belle victoire face au Brésil à la troisième journée, le Cameroun n’avait pas pu aller au-delà du premier tour. Avec du recul, à quel niveau pensez-vous avoir pêché lors de cette compétition ?
La victoire contre le Brésil, pour nous, c’était une grosse expérience. Battre le Brésil dans une Coupe du Monde, c’était vraiment énorme. Je pense que ce qu’on a retenu, c’est de pouvoir toujours bien démarrer la compétition. Si on avait démarré la compétition de la plus belle des manières, on se serait qualifié pour le second tour. C’est le Cameroun, on apprend et je pense que le meilleur reste à venir.
En 2026, l’Afrique aura 9 ou 10 représentants à la Coupe du Monde. Pensez-vous qu’avec ce chiffre revu à la hausse, le continent aura enfin son mot à dire dans cette compétition ?
C’est une bonne chose, ça prouve à quel point le respect s’installe. On a vu le Maroc qui a fait un bon parcours et je pense qu’il va falloir y croire. J’espère qu’un pays africain gagnera la Coupe du Monde dans un avenir proche.
Parlant de votre saison, après un début timide, votre club le Seattle Sounders a connu sa première victoire à l’occasion de la troisième journée, un large succès 5-2 face à Los Angeles FC. Peut-on dire que la saison est enfin lancée pour vous ?
Personnellement, nous à Seattle, on a toujours été comme ça. Ce n’est pas facile d’enchainer la Champions League CONCACAF et le championnat. Avec la rotation, la fatigue et tout, on a toujours des débuts de saison très difficiles mais je pense que cette victoire contre Los Angeles nous permet de lancer notre championnat de la plus belle des manières.
Votre club est en lice pour la toute première Coupe du Monde des Clubs (sous le nouveau format) que les Etats-Unis accueillent l’été prochain. Comment vous préparez-vous pour cette compétition ?
Ça serait pour moi une grande fierté de pouvoir disputer cette compétition, une première et surtout à domicile face aux meilleures équipes d’Europe. Ça serait vraiment une immense fierté, nous sommes très excités à pouvoir participer à cette compétition. Je pense qu’on n’ira pas là-bas en victimes résignées, on aura notre mot à dire.
Votre club est logé dans le Groupe B en compagnie du Paris Saint Germain (France), de l’Atletico Madrid (Espagne) et de Botafogo (Brésil). Pensez-vous avoir votre chance dans cette poule ?
Nous aurons notre mot à dire dans cette poule, nous n’y sommes pas arrivés à pied, on a mérité. On a hérité des meilleurs mais je pense qu’avec le staff, nous avons eu une conversation dessus et il n’est pas question pour nous d’aller nous balader, on aura notre mot à dire. Ça ne va pas être facile, on respecte nos adversaires mais on aura notre mot à dire dans cette compétition.
Jouer face à ces mastodontes représente-t-il pour vous une belle opportunité pour votre carrière ?
Bien sûr que c’est une belle opportunité. Jouer une Coupe du Monde avec des grands joueurs, après la CAN, pour moi, c’est la suite d’une belle expérience. C’est une compétition comme les autres, il ne faudra pas surtout s’affoler, il va falloir faire son jeu, démontrer qu’on a le niveau pour être de l’autre côté. Il faut jouer surtout avec beaucoup de calme et beaucoup de sérénité.
Quels seront vos objectifs personnels en participant à cette compétition ?
Mon objectif personnel, dans un premier temps, c’est la qualification pour le second tour et dans un second temps, de pouvoir démontrer qui on est et le reste va venir seul. Comme je l’ai dit, c’est un tournoi comme les autres, il va falloir rester calme, posé, faire son jeu sur le terrain et se concentrer sur soi-même.
Vous évoluez à Seattle depuis 2016 et à un an de la fin de votre contrat, on parle beaucoup de l’intérêt de grands clubs européens et saoudiens à votre égard. Qu’en est-il de votre avenir précisément ?
J’ai rencontré dans mon parcours des joueurs de haut niveau, à l’instar de Mohamed Salah, ou Riyad Mahrez face auxquels j’ai réalisé de belles performances. Le plus important pour moi, c’est de pouvoir rester la personne que je suis. J’évolue à Seattle depuis pratiquement 2016-2017, je ne me prends pas la tête par rapport à tout ce qui se passe. Il y a des rumeurs à chaque fois, c’est vrai mais pour être transféré, il va falloir que deux clubs s’entendent. Jusqu’ici, ça n’a pas marché, je ne me prends pas la tête par rapport à cela. Aujourd’hui, je suis à Seattle, il y a des supporters qui m’ont adopté, qui m’aiment qui m’ont pratiquement fait leur fils. Chaque fois que j’ai le ballon, c’est mon nom qui est chanté, c’est flatteur. Vous savez, le plus important dans la vie, c’est d’être heureux où on est, de ressentir cette chaleur. Je pense que le meilleur reste à venir et l’avenir nous dira, je suis à un an de la fin de mon contrat et on verra ce qui va se passer.