M.Albert Zeufack, Directeur des Opérations de la Banque mondiale pour la Rdc, l’Angola et le Seychelles a animé dernièrement à Kinshasa un café de presse au cours duquel il a abordé trois points importants. Il s’agit du compte-rendu des Assemblées annuelles entre la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech au Maroc, la réorientation du portefeuille de la Banque mondiale en Rdc suite à la revue de la performance du portefeuille, ainsi que la Banque mondiale comme banque du savoir.
Faisant le compte-rendu des Assemblées annuelles entre la Banque mondiale et le Fmi à Marrakech, M. Albert Zeufack a expliqué que du 09 au 15 octobre 2023, se sont tenues à Marrakech les Assemblées annuelles, un événement important qui permet aux participants de discuter sur des thématiques clés pour le développement et la lutte contre la pauvreté. Ici, l’on a défini la vision face au monde, mais aussi par rapport au nouveau président de la Banque mondiale qui, lui, a une vision claire. La nouvelle conception devrait permettre de mettre à l’épreuve la sincérité de notre engagement.
5 orientations
A Marrakech, la Banque mondiale et le Fmi se sont accordé de créer un monde sans pauvreté et une planète vivable. Ce qui leur a permis de se rassurer que l’aspect soutenabilité soit pris en compte dans chaque projet du Gouvernement. Concernant ces orientations, il s’agit de la capacité financière accrue à travers l’adoption de nouveaux outils, pour permettre de lever près de 157 millions de dollars Us ; avoir des prêts à échéance de 35 à 40 ans pour mieux gérer les projets ; des partenariats plus solides. Il faut repenser nos partenariats en mettant un accent sur l’impact ; au niveau du secteur privé, s’assurer qu’on a un engagement plus profond avec le secteur privé, moteur de toute croissance durable ; concernant le processus plus efficace, Zeufack a souligné que le nouveau président nous met au défi de réduire le temps de préparation et de mise en œuvre des projets. Il a terminé par le numérique, pour dire que le nouveau président a une expérience pertinente dans les numériques pour faire le développement.
Deux choses
Au cours de ces Assemblées annuelles, deux choses méritaient d’être rappelées. Il s’agit des réunions bilatérales et l’évaluation de la situation macroéconomique avec les Etats membres. Dans cet échange avec la presse, M. Albert Zeufack a expliqué que la délégation congolaise était l’une des quatre délégations qui ont été reçues par le président de la Banque mondiale. Il en est ressorti la structuration du projet Grand Inga. Et ce, parce que c’est un projet d’une taille gigantesque. Pour cela, la Banque mondiale a pu mobiliser le partenariat pour ces types des projets. La Banque mondiale y a répondu positivement. Il s’agit d’un programme de développement, de transformation économique de Inga, qui pourrait générer 44 GW. Une fois lancé, Grand Inga peut permettre à 5 pays, mais aussi générer l’énergie pour l’exploitation des minerais critiques.
« Inga pourrait également être une plateforme pour un développement infrastructurel important. Et ce, pour permettre la diversification économique », indique Albert Zeufack, qui ajoute que le lien entre l’énergie d’Inga et les forêts est clair. Si Kinshasa cuisinait totalement à l’électricité, ça éviterait la déforestation et protègerait les forêts. A ce jour, ajoute-t-il, pour générer l’électricité, c’est 50 centimes de dollar. Mais si grâce à Inga on revenait à 3 centimes, ça serait une bonne chose.
Se basant sur Africa Pulse, Albert Zeufack a fait l’état de la région Afrique subsaharienne, pour constater qu’il y a une baisse de la croissance. « Il y a un ralentissement de la croissance de 3,6% à 2, 5% », dit-il, avant de poursuivre que dans cet environnement morose, la Rdc se porte assez bien. La Rdc devient l’un des pays à forte croissance en 2023. Et ce, même s’il y a des problèmes qui persistent au niveau de l’inflation.
Il a aussi noté que le secteur minier qui a tiré la croissance en 2022, devrait ralentir en 2023, soit 11% en 2023, contre 22% en 2022. De même, le secteur de services connaît une plus forte croissance en 2023. Cette évolution est confirmée par le dernier rapport de la Banque mondiale qui confirme que les efforts fournis par le Congo ont porté des fruits. Cette croissance est tirée par le bloc de gestion macroéconomique.
Il sied de noter qu’il y a des domaines où la situation n’a pas du tout changé. Il s’agit des réformes structurelles, les secteurs sociaux et la Gouvernance.
Quid du portefeuille de la Banque mondiale
Il sied de souligner que le portefeuille de la Banque mondiale en Rdc est de 8,6 milliards de dollars Us avec 23 projets nationaux et 3 projets régionaux. C’est 18% dans les infrastructures, 43% dans le développement humain, 23 dans le développement durable et 16 dans la croissance économique. C’est ici qu’Albert Zeufack a fait observer qu’à l’issue de la revue du portefeuille de la Banque mondiale, des décisions conséquentes ont été prises.
Il est question de mieux structurer le portefeuille de la Banque mondiale pour lui permettre de se pencher sur les infrastructures (énergie, routes et eaux) ; le capital humain où la Banque mondiale soutient le Gouvernement dans la gratuité de l’enseignement, avec plus de 3 millions d’enfants supplémentaires qui ont rejoint l’école ; accélérer la mise en œuvre de nos projets. Près de la moitié reste à décaisser ; s’assurer qu’on limite l’interférence politique dans les unités de gestion.
Il a soutenu qu’à la fin de cette revue, il y a eu un mémorandum qui a été signé par la Banque mondiale et la Rdc.
Albert Zeufack a terminé son intervention par évoquer le dernier point relatif à la Banque mondiale, banque du savoir. Il a démontré que la Banque mondiale n’est pas seulement un chéquier, mais elle a aussi un grand département de développement. « Elle génère beaucoup d’analyses économiques. Ces connaissances nous permettent de mieux influencer la réussite de nos projets », martèle-t-il.
JMNK