Ces nouvelles preuves accablantes confirmant que le Polisario est un proxy de l’Iran

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Après les révélations fracassantes sur les liens financiers unissant le Front Polisario au Hezbollah libanais et à l’Iran, de récents «leaks» d’échanges téléphoniques entre des dirigeants de la milice séparatiste et des responsables du puissant parti chiite inféodé à Téhéran viennent confirmer les liaisons dangereuses où les ouailles de Brahim Ghali sont réduites à jouer les proxies, et auxquelles Alger sert de plateforme. La chaîne israélienne I24News a mené l’enquête, et les preuves qu’elle présente sont implacables. En voici les conclusions.

Donnant suite à une enquête, rendue publique en février dernier, sur le système de transfert d’argent via le procédé de hawala, utilisé dans le blanchiment d’argent par le Polisario en Algérie, notamment au profit du Hezbollah libanais, la chaîne d’information israélienne I24News révèle que la relation entre les deux entités n’est pas seulement de nature financière. Elle est aussi idéologique et s’inscrit dans le cadre d’un «master plan» téléguidé par les Gardiens de la révolution, le corps d’élite de l’armée iranienne.

Mercredi 29 novembre, I24News a apporté de nouvelles preuves en publiant des «leaks» d’une conversation téléphonique enregistrée après le 7 octobre –jour de l’attaque du Hamas contre Israël–entre Mustapha Lamine, ambassadeur du Polisario au Levant, en Syrie et au Moyen-Orient, et un ancien agent d’un pays du Proche-Orient, spécialiste du Hezbollah, nommé ici Abdellatif.

Mustapha Lamine y fait part que «ses garçons» se sentent encouragés par «les victoires de la résistance et les actions contre les Juifs». Le dénommé Abdellatif en profite pour demander si des membres du Polisario peuvent se joindre à une «lutte» plus large. Question à laquelle le responsable du front séparatiste répond par l’affirmative. Les deux conviennent ainsi de mener des attaques simultanées, au Golan, dans le Sud Liban… et dans le Sahara atlantique.

«Toutes les nations devraient adhérer, car la guerre n’est pas seulement une guerre pour reconquérir la Palestine ou pour vaincre Israël. C’est une campagne historique, une campagne religieuse», entend-on dans l’enregistrement. De cette conversation, on comprend également que l’attaque du 7 octobre dernier contre Israël a été décidée d’un commun accord entre le Hamas, des «rangs politiques au Liban» et d’autres… à Téhéran.

Le reste de l’échange, ce sont des photos, notamment de missiles de «l’Armée sahraouie» pointés vers le Maroc. Nous sommes les 9 et 10 novembre 2023, soit la veille d’une attaque présumée contre l’aéroport Agrir El Bouhi, dans le Sahara marocain.

Un réseau tentaculaire

À lui seul, cet échange téléphonique résume la nature des relations privilégiées que le Polisario entretient avec l’Iran et le Hezbollah. La chaîne présente ensuite les composantes d’un vaste réseau de collaborateurs des trois bords, agissant en symbiose. On y retrouve notamment une certaine Einana Labat Rashid, conseillère des dirigeants du Polisario, en contact direct et permanent avec Ahmed Abderrahman, propriétaire de «Tirs», un réseau d’agences de hawala spécialisé dans le blanchiment d’argent du Polisario. Dans son orbite tourne également Amir Moussavi, ancien attaché culturel de l’ambassade d’Iran en Algérie, une couverture qui cache mal sa fonction d’agent des Gardiens de la révolution et de véritable courroie de transmission entre le Polisario, le Hezbollah et l’Algérie.

On notera au passage que, depuis l’éclatement de la crise diplomatique entre Rabat et Téhéran en 2018, le Maroc n’a eu de cesse de dénoncer les agissements d’Amir Moussavi. Le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita l’a affirmé à maintes reprises, citant nommément ce responsable comme la personne qui dirige le soutien, le financement, l’armement et l’entraînement d’éléments du Polisario. L’homme avait notamment servi d’agent de liaison pour une livraison d’armes par le Hezbollah au Polisario. L’opération était menée depuis l’ambassade iranienne à Alger, qui assurait la liaison entre le Hezbollah, l’Algérie et le Polisario, à travers son «attaché culturel». Et c’est Alger qui nourrissait, soutenait et fournissait la logistique de ces opérations. C’est d’ailleurs cette même compromission qui avait décidé le Maroc à rompre, en 2018, ses relations diplomatiques avec l’Iran, dont les visées sur l’Afrique du Nord, après le Moyen-Orient (Liban, Syrie, Yémen), sont désormais une réalité établie.

Maillon essentiel de cet axe du mal, Einana Labat Rashid compte également parmi ses proches Sayed Noureddine Mirzadeh, un acteur des médias iraniens installé au Liban et agent présumé des Gardiens de la révolution. Mustapha Lamine, représentant du Polisario au Levant, en Syrie et au Moyen-Orient, est pour sa part en contact étroit avec deux membres du Hezbollah, Ali Fayed et Raed Berro, ce dernier étant le responsable qui supervise le «dossier africain» au sein de la milice chiite. I24News en veut pour autre illustration une «photo de famille» prise en mai 2017, regroupant des représentants respectifs du Polisario et du Hezbollah.

Le lien est donc de nouveau établi entre le Polisario, le Hezbollah et l’Iran. Il se révèle structuré, permanent et servant des desseins autrement plus globaux. Mieux, le réseau ne cesse de s’élargir et dépasse désormais les clivages doctrinaux. Que le Hamas sunnite, une émanation directe de la mouvance des Frères musulmans, en fasse partie en est une démonstration. Idem pour le Polisario, à la base un groupe de fanatiques se revendiquant d’une idéologique marxiste et révolutionnaire avant d’être rapidement récupéré par l’appât du gain et la nécessaire servilité au «grand architecte» algérien.

Polisario, un fusible au service d’un «master plan» iranien

De quoi donner une autre perspective au dangereux appel de Khaled Mechaal, haut dirigeant du Hamas et son porte-parole à l’étranger, qui incitait les Marocains à faire pression sur les dirigeants du pays, à leur tête le roi Mohammed VI, pour mettre fin aux relations entre le Maroc et Israël. On s’en souvient, en même temps que le Polisario et Alger nourrissent une escalade assumée sur le terrain, le leader du mouvement palestinien s’est non seulement permis de donner des leçons de «résistance» aux Marocains, mais il a également tenté de retourner l’opinion publique en suggérant une rupture entre l’État et ses citoyens, exportant de facto le conflit de Gaza sur le territoire national. C’était le dimanche 19 novembre, devant les militants du Parti de la justice et du développement (PJD) et les membres de leur base idéologique, le Mouvement unicité et réforme (MUR), lors d’un meeting de solidarité avec la Palestine organisé à Rabat.

Invité sur le plateau d’I24News, un dénommé «M», ancien agent des forces spéciales israéliennes et spécialiste de l’Afrique, explique qu’à l’origine de ces liens se trouve une plateforme qui n’est autre que le Centre culturel iranien sis à Alger. «C’est une forme de soft power qu’utilise Téhéran pour nouer des contacts divers, notamment avec le Polisario. Le but étant double: combattre le Royaume du Maroc, mais aussi Israël.»

À la question de savoir si l’Iran cherche un contrôle total du Polisario ou à s’en servir comme simple fusible, le spécialiste indique qu’au même titre que le Hezbollah au Liban, les Houthis au Yémen et encore le Hamas en Palestine, Téhéran n’agit jamais directement, mais se sert de proxies. Il ajoute que de la même manière que l’Iran apporte son soutien aux combattants du Hamas, le pays des mollahs appuie la milice du Polisario en l’armant et, surtout, en formant ses éléments. Il rappelle à son tour que c’est cette coopération militaire qui était derrière la rupture par Rabat de ses relations diplomatiques avec Téhéran. «Depuis, cette coopération a revêtu un caractère clandestin», la perspective étant d’utiliser la milice séparatiste comme un vivier de mercenaires pour servir ses objectifs. «Il existe d’ailleurs une milice africaine, comptant potentiellement des agents du Polisario, qui opère en Syrie sous les ordres de la République d’Iran», précise l’ancien agent israélien, qui voit là une raison supplémentaire pour le renforcement de la coopération entre Rabat et Tel Aviv sur ce front, avec le soutien des États-Unis et de l’Europe.

Par Tarik Qattab

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