En marge de l’Exposition internationale des chaînes d’approvisionnement de Chine qui se déroule cette semaine à Beijing, le représentant permanent de l’Union africaine en Chine, Monsieur Rahamtalla M. Osman nous a accordé une interview exclusive. Il a souligné l’importance du thème de cette exposition et il salue la coopération sino-africaine dans ce domaine. Voici l’interview intégrale :
En ce qui concerne les chaînes d’approvisionnement en Afrique, les défis sont nombreux. La chaîne d’approvisionnement, elle, ne peut être traitée isolément de l’ensemble du développement en Afrique, qui est confronté à des difficultés depuis longtemps, et qui a été exacerbé récemment par la COVID-19. De nombreux pays ont été confrontés à ce problème, les perturbations en raison de la COVID et cela a, en quelque sorte, ouvert les yeux de tous les pays sur le fait qu’ils doivent se rapprocher et vivre ensemble. Cela a également mis en échec les voix qui réclamaient le découplage ou la déconnexion de certains pays. Et cela prouve que sans coopération, surtout une coopération forte dans la chaîne d’approvisionnement, tous les pays seront confrontés à des difficultés.
Maintenant les gens parlent différemment, nous devons coopérer. Et cette exposition, l’Exposition internationale des chaînes d’approvisionnement de Chine, prouve exactement ce que je dis. Parce que le nombre d’entreprises participantes, en particulier les entreprises internationales participant à cette exposition, montre qu’il doit y avoir une sorte de coordination entre tous et que l’isolement n’est pas la bonne façon de développer les pays. En particulier lorsque vous voyez le nombre d’entreprises européennes, américaines et japonaises qui participent à cette exposition. Elles sont très nombreuses. Ce qui montre l’importance des chaînes d’approvisionnement au niveau mondial.
C’est donc l’occasion, dans le cadre de cette exposition, d’exposer la richesse des ressources africaines aux parties prenantes chinoises qui sont intéressées par les affaires en Afrique. Je veux dire par là que l’Afrique est puissante dans tous les domaines, en particulier dans le domaine des ressources naturelles et celui des ressources agricoles.
De nombreuses entreprises chinoises travaillent en Afrique. En fait, il y en a des milliers. On estime que près de 3 000 entreprises chinoises de différentes tailles travaillent en Afrique et produisent en Afrique. Parce que nous, en Afrique, nous avons un plan selon lequel nous ne devrions pas compter sur l’exportation de matières premières. Nous devons ajouter de la valeur aux matières premières dont nous disposons. C’est pourquoi nous invitons, nous encourageons les sociétés et les entreprises chinoises à investir en Afrique. Et même cette chaîne d’approvisionnement pourrait être amenée d’Afrique en Chine pour la fabrication d’autres produits. C’est une des façons de rendre cette exposition bénéfique pour nous.
Ce qui est bien, c’est que son excellence, Xi Jinping, a déjà mentionné, lors de la dernière conférence des BRICS en Afrique du Sud, que la Chine proposait à l’Afrique de coopérer dans trois domaines : l’industrialisation, l’agriculture et la formation de talents. Ce sont donc ces trois domaines qui sont très bien accueillis en Afrique et sur lesquels nous travaillons. Et chacun de ces trois domaines a ses propres aspects, sur lesquels nous travaillons afin de voir comment nous pouvons améliorer la chaîne d’approvisionnement. Tout ce qui est produit en Afrique pourrait faire partie de la chaîne d’approvisionnement d’autres pays, que ce soit en Chine ou ailleurs, dont vous pourriez avoir besoin. Par exemple, lorsque nous parlons de l’énergie verte, l’Afrique est aujourd’hui la principale source de matières premières pour les terres rares, qui sont très importantes pour la production de batteries des voitures électriques. L’Afrique représente environ 50 % de toutes les concentrations mondiales de ces matériaux. Ces matériaux sont donc très importants pour la chaîne d’approvisionnement. Mais nous ne voulons pas qu’ils soient une matière première. Nous voulons qu’ils soient également produits en Afrique et valorisés en Afrique.
La coopération entre la Chine et l’Afrique couvre presque tous les domaines, pas un domaine spécifique, tous les domaines, y compris le numérique. Il s’agit en particulier d’un domaine particulièrement fascinant. Je veux dire qu’en Afrique, près de 60 % de la population utilise et est fascinée par les nouveaux développements dans le domaine numérique. Nous avons donc une bonne coopération dans les domaines numériques. Et c’est aussi parce que maintenant, avec la numérisation commerciale, la numérisation industrielle agricole, cela fera progresser l’Afrique à pas de géant. En effet, dans le passé, pour que certains pays atteignent ce stade, il leur a fallu des dizaines d’années. Mais aujourd’hui, avec cette utilisation des techniques numériques, nous pouvons réduire cette durée en une très courte période pour atteindre les objectifs que nous envisageons.