Le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en tournée de campagne électorale à Lubumbashi, Chef–lieu de la province du Haut-Katanga, a mis en garde une fois encore ce mardi 5 Décembre 2023, le maître des mille collines Paul Kagame, contre ses belliqueuses velléités expansionnistes dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). En avance, sur ses challengers en termes de provinces parcourues, notamment Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Denis Mukwege, Félix Tshisekedi a déjà visité près de 12 provinces depuis le début de cette campagne électorale. Toutefois, l’étape de l’espace Katanga revêt une signification particulière compte tenu de son histoire et autres enjeux socio-politiques de cette partie sud de la Rdc pour les élections générales sont prévues le 20 décembre 2023.
A son arrivée à Lubumbashi, le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui brigue un second mandat à la tête de la Rdc qui est en son quatrième cycle électoral, ne s’est dessaisi de sa tunique de Commandant suprême des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC). En garant de l’unité nationale, celui que l’on appelle affectueusement ‘Fatshi béton’, a prévenu le génocidaire du peuple congolais an ces termes : « Plus jamais ça, et je dis aux ennemis de la Rdc, en passant par leur leader, connu de tous les congolais, Paul Kagame, c’est assez, le mal causé aux congolais est connu et s’il continue, il nous aura sur son chemin ».
Après de multiples reports, notamment en raison d’une suspension de campagne de trois jours pour rendre hommage aux six militants décédés lors de son rassemblement dans le Kongo-Central, le candidat président a foulé le sol Katangais en territoire conquis bien que d’aucuns présentent cette partie de la République comme étant le fief de son principal challenger, Moïse Katumbi.
La tournée Katangaise du fils d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, rêvait une signification particulière surtout après des tensions communautaires entre Kasaiens (dont est originaire Félix Tshisekedi) et les Katangais (dont est originaire Moise Katumbi), ces derniers jours. Etant donné la politique congolaise, donc l’électorat, s’appuyant sur des bases sociologiques, bon nombre de politiciens, sans discours, empruntent le schéma de l’ethnicité pour des analyses électorales.
Tensions communautaires sur fond de manipulations tribales
Plusieurs prophètes de malheurs, prédisaient une montée des tensions pré-électorales, entre tribus katangaises et kasaïennes, fortement présentes dans cette partie du territoire national. « Sauf provocation, je ne pense pas qu’il y aura de débordement. Au contraire, je pense que Félix Tshisekedi doit faire un effort de mobilisation, car les gens ne sont pas avec lui dans leur cœur », avait prétendu Patrick Kafwimbi, membre du parti ‘Ensemble pour la République’ de Moise Katumbi. Bien que cela ne soit pas arrivé, des risques de manipulations des tenants du machiavélisme étaient palpables.
Les différentes ethnies de la province du Katanga sont le plus souvent mélangées, à la suite des différentes migrations dues aux conquêtes, à l’exil ainsi qu’à l’industrialisation au cours des derniers siècles. Les groupes les plus représentés sont les Luba, le Arunds (regroupant les Lunda, les Tchokwé, les Luena, les Ndembo, les Minungu), les Sanga, les Bemba et les Lamba. Tandis que les faiblement représentés sont les Bambute, les Zela, les Bayazi, les Ndembo, les Batabwa, les Kalwena et les Hemba. Comme dit plus haut, les partis politiques congolais ont plus d’attaches sociologiques qu’idéologiques. Ce qui fait que l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) soit beaucoup proche des kasaïens et Ensemble pour la République plus proche de Katumbi.
Et pour éviter toute tension entre communautés durant le séjour du Chef de l’Etat, Patrick Kafwimbi, un des cadres de la Ligue des jeunes de l’UDPS, affirme que tout est mis en œuvre pour qu’aucun débordement n’ait lieu. « Il arrive souvent qu’il y ait des tensions des passages du cortège de l’UDPS, ou le cortège d’Ensemble. Il y a toujours certains combattants, certaines brebis égarées, de chaque côté, qui ont cette intolérance en eux. Mais la justice va se saisir de celui qui se comportera mal, que cela soit dans le camp du chef de l’Etat ou des autres », avait-il prévenu.
Continuer sur l’élan de Mzee Kabila
Tout en dénonçant les combats qui se trament autour de la RDC, prenant le modèle du combat de l’ancien Président Laurent Désiré Kabila, Félix Tshisekedi appelle les Congolais en prendre Laurent Desiré Kabila en modèle malgré ses imperfections : « Mzee a été pris au piège. Il s’est réveillé malheureusement très tard. Notre mission est de continuer là où Mzee Laurent Désiré Kabila s’était arrêté. Notre mission est de réveiller les Congolais et de leur dire de ne jamais trahir le Congo, c’est ça l’héritage que Mzee nous a laissé ». Et de poursuivre :
« Notre pays est très vaste avec une histoire et le monde entier a un regard sur nous, qu’on se développe, qu’on montre la voie à suivre. Si vous me faites confiance le 20 décembre, nous allons continuer avec les actions déjà en cours sur terrain. L’ennemi est en train de nous combattre, et si vous comptez, en ce qui concerne la guerre qui se vit à l’Est, depuis bientôt 30 ans pendant que nos frères et sœurs sont en train de mourir et personne au niveau de la communauté internationale n’a levé son doigt pour mettre fin à la barbarie dans la partie orientale de notre pays. Il n’y avait pas de Congolais valables de s’interposer devant ses ennemis et depuis 2022, j’ai décidé de dire que ça suffit et ça doit s’arrêter », dit-il devant plusieurs milliers des lushois (Entendez habitants de Lubumbashi) et militants des partis politiques de sa plateforme, l’union sacrée de la nation.
Le coup de gueule du candidat …
Le candidat Président de la République, Félix –Antoine Tshisekedi, n’a pas oublié qu’il était en campagne électorale. Alors qu’il s’adressait à la population de Lubumbashi, Félix Tshisekedi, a sérieusement critiqué la gestion de son challenger, sans toutefois le citer.
« Certains candidats viendront avec des discours séparatistes en vous disant que le Katanga nous appartient. Quand il était au Katanga, il n’a rien fait. Aujourd’hui, nous avons des gouverneurs patriotes au Katanga. Jacques Kyabula n’a pas fait son stade privé, Kyabula n’a pas fait sa société privée de transport, il n’a pas contribué à la faillite de la SNCC. Il a suivi la vision que je lui avais donnée pour servir la population du Haut-Katanga. Au Lualaba, maman Fyfy Masuka a également pris la vision, celle de construire un aéroport de type moderne dans la capitale mondiale du cobalt, alors que ceux qui étaient là avant n’ont rien fait. Au contraire, ils ont suivi même le petit commerçant pour tout lui ravir », avait dit Tshisekedi lors de son meeting à la place de la poste à Lubumbashi.
Le candidat Président faisait allusion notamment de ceux qui ont dirigé le Katanga en détruisant la société nationale de chemin de fer (SNCC) en créant notamment ses activités privées dans le secteur de transport. Un coup de gueule à comprendre entre ligne comme un appel à voter pour le numéro 20 et pas d’autres…
Willy Makumi Motosia