Devant les Congolais de la Suisse, Tshisekedi a été on ne peut plus clair, lorsqu’il a déclaré que nous allons prendre nos responsabilités. « Une chose est certaine : Kagame ne gagnera pas cette guerre. Ce qu’il a fait au Congo, ça suffit. Avec moi, ça ne passera pas », affirme-t-il.
Tradition respectée. Le Président de la République s’est adressé ce lundi 27 février 2023 à la Diaspora congolaise de la Suisse. La rencontre a eu lieu à l’hôtel Intercontinental de Genève. Ainsi, a-t-il tenu la promesse faite à ses compatriotes lors de son passage à Davos le 17 janvier dernier.
Le temps faisant défaut, Félix Tshisekedi il s’est exprimé sur 4 sujets : la crise diplomatique entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, le processus électoral, le Programme de développement local des 145 territoires et le changement des mentalités.
S’agissant de la crise diplomatique congolo-rwandaise, Félix Tshisekedi a exprimé toute son amertume du fait de l’option levée par Paul Kagame de rester dans la voie de la confrontation.
Pourtant, a-t-il révélé, l’opportunité était bien là, à son avènement aux affaires, de créer les conditions les meilleures pour une coexistence pacifique entre les deux pays. Notamment par l’exploitation commune des ressources économiques.
Malheureusement, Paul Kagame a voulu lui prendre tout le bras, alors qu’il lui a tendu la main.
“Il n’y a rien que le pouvoir actuel ait fait contre le Rwanda. Si je mens, que Dieu me punisse”, a-t-il déclaré, la main sur le coeur.
Le Chef de l’Etat a révélé la cause véritable de la réactivation du M23 par le Rwanda : l’exigence de l’entrée de l’armée rwandaise sur le territoire congolais pour combattre les Fdlr, exactement comme cela a été fait avec l’armée ougandaise pour traquer les Adf.
Des preuves de l’intrusion de Rdf sous couvert du M33 sont suffisamment indéniables.
Félix Tshisekedi a du mal à comprendre l’attentisme de la communauté internationale face à ces évidences. ” Le jour où le Congo va réagir, ne venez pas nous culpabiliser”, a-t-il lancé aux décideurs, avant d’ajouter : ” La patience a des limites “.
A Addis-Abeba et à Bujumbura où il s’est retrouvé en face de Paul Kagame, il l’a averti en ces termes : ” Ne croyez pas que j’ai peur de vous ” et d’ajouter à l’attention de la Diaspora congolaise : ” Nous allons prendre nos responsabilités. Une chose est certaine : Kagame ne gagnera pas cette guerre. Ce qu’il a fait au Congo, ça suffit. Avec moi, ça ne passera pas “.
Bien entendu, il s’est défendu d’être un belliciste. ” Chrétien, je ne veux pas porter du sang “, a-t-il poursuivi, s’appuyant sur la lutte pacifique de son père, une lutte qui a fait tomber des dictatures au pays.
En ce qui concerne le processus électoral, le Chef de l’Etat a mis en évidence la première expérience avec l’enrôlement limité des Congolais de l’étranger. Au regard des résultats, il sera possible de procéder à un élargissement progressif.
Cependant, il se pose un problème sérieux : la répartition des sièges en fonction de l’électorat. Faut-il continuer à enrôler les électeurs en sacrifiant les compatriotes de l’Est ? Réponse spontanée de la salle : NON !
Troisième sujet abordé : le PDL 145 Territoires dont l’objectif, a-t-il rappelé, est de doter chaque territoire des moyens de s’équiper en routes, écoles, hôpitaux, fourniture d’eau et d’électricité, etc.
Les mines n’ayant procuré aux Congolais ni richesses, ni sécurité, ni paix, Félix Tshisekedi est revenu sur sa vision de la revanche du sol sur le sous-sol. Le progrès escompté n’est pas une affaire de plusieurs décennies. En cinq ans, les résultats sont palpables, a-t-il déclaré, rassuré par le Pnud. En effet, cet organe des Nations Unies est convaincu que c’est le meilleur des projets à avoir été présentés pour la RDC.
Évidemment, on n’abandonnera pas pour autant les mines. D’où sa décision de faire revisiter tous les contrats miniers déséquilibrés dans l’objectif d’atteindre la transformation locale de toutes les ressources extractives.
Mais, le Président de la République a mis l’accent sur le défaut de cuirasse : la mentalité congolaise ! Pour ce faire, il a pris l’exemple éloquent des images présentant la bousculade des étudiants pour prendre place à bord des bus Trans Academia.
” Tout ce que je vous dis ne tiendra pas tant que les antivaleurs persistent “, a-t-il déclaré, avant de rappeler le mot d’ordre d’Etienne Tshisekedi : aimer le Congo et aimer les Congolais. En mot de la fin, il a exhorté les compatriotes de la Diaspora à mettre à la disposition du pays l’expertise acquise en Suisse.