Selon un nouveau rapport, la vie des chrétiens est menacée dans 19 états de l’Inde, et les prochaines élections générales suscitent de nouvelles inquiétudes quant à l’intolérance religieuse.
Au total, 161 incidents de discrimination et de persécution antichrétienne ont été signalés au cours des 75 premiers jours de 2024 en Inde, comme l’indique un document du Forum chrétien uni pour les droits de l’homme (UCF), une organisation œcuménique indienne qui surveille la persécution chrétienne. Les actes enregistrés ont été perpétrés par une combinaison de personnes privées et d’organismes publics.
Près de 30 % des cas se sont produits dans le Chhattisgarh – un état notoirement connu pour son ostracisme à l’égard des chrétiens -, notamment des villageois qui refusent à leurs voisins le droit d’enterrer leurs morts selon les rites chrétiens. Le rapport, envoyé à l’organisation caritative catholique Aide à l’Église en détresse (AED), souligne que des élections nationales auront lieu dans trois semaines, du 19 avril au 1er juin, ce qui risque d’exacerber les tensions existantes. Dans ce document, l’UCF lance un appel aux autorités nationales indiennes pour qu’elles garantissent une protection et des droits égaux à tous les citoyens, quelle que soit leur foi.
La déclaration mentionne ceci : « Nous demandons à nos dirigeants de mettre fin à cette violence en prenant des mesures strictes contre les auteurs de tous ces crimes, et nous espérons et prions pour des élections pacifiques et équitables. » « La communauté chrétienne en Inde continue d’être confrontée à des violences ciblées et à des crimes de haine », ajoute le communiqué, expliquant que « la propagation de la philosophie Hindutva, épousée par le groupe Hindutva Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), est, dans une large mesure, une cause principale de cette persécution croissante contre les chrétiens ».
L’hindutva, forme de droite du nationalisme hindou, est intolérante à l’égard des autres religions ou cultures. « Le BJP [Bharatiya Janata Party], qui a pris le pouvoir en 2014, souscrit à cette approche idéologique et son succès politique a facilité la rhétorique et l’action religio-nationalistes. » Le rapport poursuit en expliquant que « l’Inde est un exemple de « persécution hybride », où des mesures pseudo-légales et des attaques sanglantes sont perpétrées contre les Indiens ayant la « mauvaise » religion », concluant que « les perspectives en matière de liberté religieuse continuent donc d’être négatives ». Regina Lynch, présidente exécutive internationale de l’AED, a déclaré : « L’Inde est l’un des pays les plus préoccupants dans le rapport de l’AED sur la liberté religieuse dans le monde 2023, le « gouvernement autoritaire » et le « nationalisme ethno-religieux » étant indiqués comme les principaux moteurs de la persécution. »
Elle a ajouté : « L’AED est profondément préoccupée par les derniers rapports indiquant une augmentation de l’intolérance et des attaques contre la liberté religieuse en Inde, pointant vers une augmentation de la persécution des chrétiens. » Mme Lynch a conclu : « Nous aimerions inviter nos amis et bienfaiteurs à prier pour l’Inde en cette période troublée. Prions pour que les minorités religieuses, y compris les chrétiens, voient leurs droits humains respectés et défendus lors des élections générales et dans les mois et années qui suivront ».