A Kinshasa, dès le chant du coq, des milliers de Kinois se sont déployés dans les principales artères de la ville pour afficher banderoles et autres affiches appelant les électeurs à voter. Particulièrement les abords du stade des Martyrs qui sera pris d’assaut par les soutien du président sortant Félix Antoine Tshisekedi qui brigue un deuxième mandat à la présidence de la RDC ? Véritable démonstration de force des soutiens du président sortant qui ne jurent que par sa réélection le 20 décembre prochain.
La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), a officiellement donné le coup d’envoi de la campagne électorale pour les élections présidentielles, législatives et provinciales en République Démocratique du Congo ce dimanche 19 novembre 2023. Ces élections sont prévues pour le 18 décembre 2023. Au départ, 26 candidats sont en lice pour la magistrature suprême, dont 24 hommes et 2 femmes (soit 7,7% de femmes). 23.653 candidats députés nationaux dont 155 candidats indépendants, 3 785 candidats présentés par les partis politiques et 19 713 candidats présentés par les regroupements politiques ; et 49.209 candidats des députés provinciaux. Ces chiffres représentent autant d’états-majors de campagne à gérer pendant les «30 jours de campagnes électorales qui vont se clôturer le 18 décembre 2023 à minuit après qu’ils ait sillonné tout le pays dans le but de convaincre les 44 millions d’électeurs à voter pour leurs champions. Etant donné qu’en République démocratique du Congo, se font généralement sur bases sociologiques, il y a nécessité de bien gérer cette période très sensible de la vie politique du pays. En de faille dans la gestion des équipes de propagande le vivre ensemble peut s’en affecter. Le Président sortant Félix Antoine Tshisekedi, a décidé de commencer dans la capitale Kinshasa pour lancer sa campagne par un grand meeting dimanche 19 novembre au stade des Martyrs. Pendant que dans l’opposition, les principaux opposants au régime seront eux en province : Moïse Katumbi est attendu à Kisangani, Martin Fayulu sera lui dès ce week-end à Bandundu dans son fief.
De son côté, Delly Sesanga a inauguré son site internet de campagne et a lancé l’opération “Telemela fraude électorale”, appelant les citoyens à s’inscrire comme volontaires pour surveiller le processus électoral.
Quant à Constant Mutamba, il souligne l’absence de mesures de sécurité spécifiques prises en faveur des candidats à la présidentielle, affirmant que cette attitude va à l’encontre de l’article 110 bis de la loi électorale. Cet article stipule que tous les candidats à la présidence ont droit à une égale protection.
La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) réitère son engagement à organiser des élections crédibles, inclusives, transparentes et apaisées. Elle appelle les candidats à faire preuve de responsabilité et de tolérance pendant cette période cruciale.
Préserver le vivre ensemble pendant la période de campagne
Les jours qui ont précédés le lancement officiel de la campagne électorale ont été marqués par des tensions dans certaines régions du pays, notamment à Lubumbashi, à Kisangani et à Beni 15. Le Premier ministre de la RDC, Jean Michel Sama Lukonde, a appelé à la retenue et à la non-violence pendant la campagne électorale
Selon un électeur abordé par la presse francaise sur les élections en RDC, « On attend que chaque candidat puisse présenter son projet de campagne et son projet de gouvernance, et on va voir, on va réfléchir par rapport à ce que chacun dira, on va voir qui choisir». Bien que bon nombre d’observateurs estiment que la tenue régulière des élections au pays, « fait du bien parce que ça fait avancer le pays, cela prouve que le pays a la démocratie, le pays va avancer et tout ira mieux » d’autres estiment que les élections sont percutes par beaucoup comme étant une occasion « d’affaires », ce qui expliquerait l’engouement pour le Parlement et l’inflation de candidatures. Raison pour laquelle Jean Francois Mombia Atuku, fondateur et Président du conseil d’administration du Réseau d’information net d’appui aux ONG(RIAO-RDC), a lancé un cri d’alarme pour attirer l’attention des électeurs sur cette aventure de l’affairisme électoral.
Affairisme électoral, une entorse au processus électorale
Aux quatre coins du pays, les présidentiables sont sur la ligne de départ, les banderoles et autres affiches pullulent mais très peu exposent clairement leurs programmes. Chacun y va du slogan selon l’inspiration, pour s’attirer leurs faveurs. Impossible d’énumérer le programme de campagne de chacun des 26 candidats, chacun d’eux parle de l’insécurité dans notamment dans le Nord-Kivu où les territoires du Rutshuru et du Masisi ne vont pas pouvoir voter en raison de la présence de l’occupation rwandaise sous masque du M23. Il y a aussi les prétendants aux postes de députés provinciaux et nationaux, 25 832 candidatures pour les législatives et 44 110 pour les provinciales du 20 décembre. Pourquoi cette profusion ? Selon Jean François Mombia Atuku il y a de l’affairisme électoral. Pour ce défenseur des droits des peuples, étant donné que les dictatures sont devenues difficiles à faire passer, particulièrement à cette ère du numérique, les affairistes politiques ont dénaturé la politique pour en faire une opportunité d’affaires.
Pour ce défenseur des droits humains, « environ 80% de candidatures sont juste pour permettre aux partis et regroupements d’atteindre le seuil. En contre parti, ces candidats reçoivent des compensations et leurs campagnes financés ». Toujours selon Jean François Mombia, d’autres candidatures seraient juste des infiltrations pour saboter de l’intérieur les partis et d’autres encore se justifient par le besoin de faire partie de la réserve du parti pour les potentiels portefeuilles lors des nombreuses négociations que raffole caractéristiques de la politique congolais. « Ce sont ceux qui espèrent devenir ministres, mandataires de l’Etat ou autres fonctions nominatives. Il est donc stratégique d’être ficher ‘ancien candidat député’ pour être en bonne position », martèle le PCA du RIAO-RDC.
Willy Makumi Motosia