Mustapha Hadji et le Maroc se préparent à vivre une nouvelle étape marquante dans l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies. Ancien milieu de terrain, il a vécu cette compétition sous toutes ses formes : l’euphorie de la victoire, la douleur de l’élimination, mais aussi la fierté d’être au cœur d’un événement qui rassemble tout un continent.
En tant que Marocain, l’édition 2025 de la CAN, qui se tiendra sur ses terres, prend un tournant particulièrement symbolique pour lui. L’ancienne gloire du football national se rappelle ses premiers pas dans cette compétition, mais aussi les moments forts et les épreuves qu’il a traversées. Les émotions et les souvenirs de ces instants restent gravés dans son esprit, à l’image de la Coupe d’Afrique, qui, selon lui, est bien plus qu’un simple tournoi sportif : un véritable phénomène culturel qui inspire et nourrit les rêves des jeunes générations à travers l’Afrique.
Aujourd’hui, alors que le Maroc se prépare à accueillir de nouveau cette grande fête du football africain après une longue attente depuis 1988, Mustapha Hadji livre son regard sur les enjeux de cette édition et sur l’évolution du football africain. Une compétition qu’il connaît bien, et dont il sait qu’elle ne se résume pas à de simples victoires, mais à un message d’espoir et de fierté pour tout un peuple.
Cafonline.com : Mustapha Hadji, nous sommes à quelques heures du tirage au sort de la Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies, Maroc 2025. En tant que Marocain, comment vous sentez-vous ?
Mustapha Hadji : Je me sens bien, toujours euphorique. Il faut rester positif. Vous savez, la Coupe d’Afrique, c’est quelque chose d’exceptionnel, une expérience extraordinaire. J’ai eu la chance de la vivre en tant que joueur, et je peux vous dire que c’est un événement unique. Par la suite, j’ai également participé à cette compétition comme entraîneur, que ce soit en Égypte ou au Cameroun, et en tant que spectateur en Côte d’Ivoire.
Aujourd’hui, le continent africain continue de progresser, et le niveau de spectacle est tout simplement remarquable. La dernière édition en Côte d’Ivoire a été extraordinaire, que ce soit sur le plan du public, de l’ambiance ou encore de l’accueil. Et cette année, au Maroc, je suis convaincu que ce sera tout aussi exceptionnel.
Le Maroc bénéficie d’une situation géographique idéale. Pour nos frères de la diaspora africaine, cela représente une belle opportunité : voyager jusqu’ici sera plus facile. Nous sommes à seulement deux heures de Barcelone, trois de Paris. Pour les Africains vivant en Europe ou même au Maroc, cette CAN sera peut-être l’occasion d’assister pour la première fois à une telle compétition en direct.
La Coupe d’Afrique, c’est avant tout une fête. Une fête pour tout le continent, pour tous les enfants africains. Elle leur permet de rêver, de nourrir des ambitions, et surtout, d’avoir de l’espoir. Vous savez, en Afrique, le football, c’est bien plus qu’un sport. C’est une véritable religion.”
La dernière fois que le Maroc a accueilli la CAN, c’était en 1988…(il coupe)
C’est long, non ? Très long, même. J’avais 17 ans à l’époque. Aujourd’hui, avec les infrastructures modernes et l’évolution de notre pays, il était temps que le Maroc accueille à nouveau cette grande compétition.
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, a énormément contribué au développement du football, non seulement au Maroc, mais aussi à travers tout le continent africain. Grâce à cette vision, notre pays est aujourd’hui un acteur clé du football mondial.
Le Maroc a marqué l’histoire récemment en atteignant les demi-finales de la Coupe du Monde, devenant ainsi la première nation africaine à accomplir cet exploit. Et, dans quelques années, nous serons co-organisateurs de la Coupe du Monde 2030. La CAN 2025, c’est un peu comme un avant-goût de ce qui nous attend : les préparatifs, l’ambiance, l’enthousiasme.
Depuis 1988, cela faisait bien trop longtemps. Mais aujourd’hui, c’est enfin le moment du Maroc. En tant que véritable pays de football, accueillir cette compétition est un immense honneur et une fierté pour les Marocains.
On sait que les attentes sont énormes. Alors, selon vous, quels sont les défis que le Maroc devra surmonter pour y répondre ?
Le défi est immense, gigantesque. Il ne faut pas partir en pensant qu’on est gagnant à 100%. Il faut respecter tous les adversaires. Le football africain regorge aujourd’hui de grands talents et de grandes équipes. Il n’y a plus de petites nations. Plus personne ne peut dire qu’un match sera facile ou gagné d’avance, peu importe l’adversaire.
C’est vrai que le Maroc possède actuellement une génération exceptionnelle, avec de grands talents. Mais cela ne suffira pas. Il faudra le prouver sur le terrain. Il faudra travailler dur, et ce, devant un public qui attend beaucoup. Jouer à domicile ajoute une pression supplémentaire. Ce n’est jamais simple de jouer chez soi et de gagner une Coupe d’Afrique.
On se souvient de l’exemple de la Côte d’Ivoire, où le Maroc leur avait donné un coup de main décisif. Mais le contexte est différent. Aujourd’hui, il faut se préparer sérieusement. Nous avons des grands joueurs, une grande équipe et un président de la Fédération qui s’investit énormément pour le football marocain. Depuis qu’il est à la tête de la Fédération, le football marocain a connu une transformation spectaculaire, passant des heures les plus sombres à une reconnaissance mondiale.
Tout cela nous pousse à être à la hauteur. Je ne dirais pas que c’est une obligation, mais nous devons réussir une belle Coupe d’Afrique.
Avec une équipe marocaine qui pratique un football séduisant et spectaculaire, pensez-vous qu’elle devra, pour gagner, mettre de côté son identité de jeu et adopter un style plus pragmatique, en s’adaptant à ses adversaires ?
Oui, certainement. C’est aussi le rôle de l’entraîneur de trouver cet équilibre. C’est vrai que nous avons un football plaisant, un jeu qui mérite d’être admiré. Mais en Coupe d’Afrique, cela ne suffit pas.
Comme vous l’avez mentionné, la CAN est un tournoi très physique, avec une répétition de matchs exigeants. Lorsque vous affrontez des équipes comme les Gabonais, les Ivoiriens, les Sénégalais, ou d’autres, il faut s’attendre à un défi athlétique intense. La route vers la finale est longue et parsemée d’épreuves. Il faudra être prêt à faire face à des blessures, à s’épuiser physiquement.
Cela dit, l’identité de jeu du Maroc reste une force. Mais pour gagner cette compétition, il faudra aller au-delà de ce que l’on a montré jusqu’ici. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme de la CAN : vous pouvez être la meilleure équipe sur le papier et malgré tout, sortir dès les premiers tours. Nous l’avons vu par le passé.
Je pense que le Maroc a une belle carte à jouer. Mais la pression sera là, surtout en jouant devant son public. Il faudra travailler encore plus dur, se dépasser physiquement, et jouer à 150 % de ses capacités. Les qualités techniques et le beau jeu ne suffiront pas. Il faudra ajouter de l’engagement, de la combativité, et une capacité à s’adapter. C’est cette combinaison qui fera la différence.
Quels peuvent être les adversaires du Maroc pour cette Coupe d’Afrique des Nations CAF TotalEnergies 2025 ?
Tous ! Comme je l’ai déjà mentionné, il n’y a pas de petite équipe. Tous les matchs seront âprement disputés. Comme le dit l’expression footballistique, cela se jouera au couteau. Il n’y a pas de matchs faciles, il n’y a pas de matchs à sous-estimer.
Il n’y a pas de place pour les calculs. Il faudra gagner chaque match et aller jusqu’au bout. On ne doit pas se dire qu’on peut se permettre de perdre contre une équipe qui a terminé troisième. C’est là que le danger réside. Si l’on commence à calculer, c’est là qu’il faudra se réveiller et se rappeler que chaque rencontre doit être prise avec sérieux.
Peut-être qu’il est même plus avantageux de jouer contre une équipe qui termine troisième d’un groupe que contre le premier. Une équipe qui termine troisième aura souvent une motivation supplémentaire. Mais lorsque l’on affronte une équipe qui finit deuxième ou troisième, il peut arriver que l’on baisse un peu la garde, pensant que ce sera plus facile. Et c’est précisément là que l’on peut se tromper et se laisser surprendre par nos propres erreurs.
Quels sont les plus beaux souvenirs que vous avez gardés de cette compétition qui est si spéciale ?
J’ai eu l’honneur de disputer cette compétition qui tient une place si spéciale dans mon cœur. J’aime l’Afrique. Et ce que j’aime par-dessus tout, c’est voir les enfants. Quand je sors d’un match et que je quitte le stade en bus, et que je vois ces enfants courir derrière le bus, ça me touche profondément. Ça me donne la chair de poule, parce que c’est ça l’essence de ce sport : donner de l’espoir, faire rêver.
Voir ces jeunes, les voir regarder les joueurs qu’ils adorent, c’est un moment magique. C’est leur offrir un rêve, un lieu d’espoir. Et c’est ça qui est le plus beau. Bien sûr, gagner la Coupe d’Afrique pour son peuple, c’est très important, mais il n’y a rien de plus précieux que de voir ces enfants rêver.
Ils croient en ces stars, ces modèles qui leur montrent que des grandes choses sont possibles en Afrique. Les stars offrent de l’espoir aux enfants, et c’est ce qui compte avant tout. Vous pouvez me dire ce que vous voulez, mais c’est cette réalité qui fait toute la beauté de ce sport.
On peut gagner la Coupe d’Afrique, on peut tout remporter. Mais lorsque l’on sort d’un stade, que l’on est dans un bus, et qu’on voit les sourires des enfants, qu’on les voit courir et heureux… C’est ça, qui est plus beau que la Coupe d’Afrique.
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