Des quatre fils de feu le général Ahmed Gaïd Salah, portés disparus depuis une dizaine de jours, seuls deux d’entre eux, ont réapparu tout récemment. Les malheureux avaient été enlevés par des agents en civil qui ont pénétré par « effraction » se dit-il, dans le domicile familial à Annaba.
La grande muette, à l’Est de l’Eden, étant réellement muette sur toute affaire se rapportant en genre et en nombre avec son kaki, on l’imagine aisément, aucune information n’avait pu filtrer depuis. Sauf que certaines ont pu, toutefois, fuiter. De la descendance masculine Gaïd (Mourad, Hichem, Boumediene et Adel) seuls les deux premiers ont pu rejoindre leur mère, alitée à l’hôpital militaire d’Aïn Nadja, pour se consoler à ses bras.
La veuve de Gaïd Salah, s’était vue, auparavant, les portes d’El Mouradia et de l’Etat Major de l’ANP à Alger se refermer, ô outrage, à son nez. De ne pas avoir été reçue, par les deux séniles du Muppets show made in Algeria, elle en est même tombée, en syncope.
Cela dit, si la libération de Mourad et Hichem, a été actée, Boumediene et Adel sont restés détenus au Centre de Recherche Technique (CTRI) de la cinquième Région Militaire de Constantine. Ils sont sujets à comparaître très prochainement devant le procureur du tribunal militaire et demeureront probablement en une détention « très » préventive en attendant leur procès.
Les deux frères sont impliqués dans plusieurs affaires de corruption, de trafic d’influence et d’enrichissement illicite. Rattrapés par les démons des services de l’ANP, ils avaient déjà fait l’objet d’une enquête en ce sens en 2020. Mais sur ordre du président au nom imprononçable, ils avaient été libérés et le dossier avait été soi-disant clos. Cependant, ils avaient été soumis à une interdiction de quitter le pays, à l’instar de nombreux autres enfants de hauts fonctionnaires gouvernementaux.
Les deux fils de Gaïd Salah donc, Adel et Boumediene, ont été appréhendés et sont actuellement en garde à vue et, entendus par les enquêteurs de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA). Leurs noms ou prénoms avaient émergé dans des affaires de corruption et d’enrichissement illicite, révélées en cela par le général Sofiane Aouis, ancien responsable de la Direction Centrale des Infrastructures Militaires et ancien dirigeant de l’Etablissement Central de Construction, un organisme relevant du ministère de la Défense Nationale et spécialisé dans les travaux d’infrastructures tels que les bâtiments, l’hydraulique, et les travaux publics.
Ce dernier, avait défrayé la chronique à la fin du mois de septembre dernier. Les perquisitions effectuées dans l’une de ses résidences par les agents de la Direction Centrale de la Sécurité de l’Armée (DCSA) avaient révélé l’existence d’une cachette spécialement aménagée pour dissimuler des sacs d’argent liquide (300 milliards de centimes de dinar), 20 millions d’euros.
Aouis avait été appréhendé par les services de renseignement dans les environs d’Oran, alors qu’il préparait une évasion vers l’Espagne. Mais le passeur auquel il avait voué son désarroi, effrayé, l’avait balancé aux services de renseignement.
Remis aux enquêteurs de la DCSA, le général Sofiane Aouis a fait l’objet d’interrogatoires très “approfondis“ concernant ses complices dans les transactions illégales et les opérations illicites caractérisant l’attribution des marchés publics des chantiers de construction relevant du ministère de la Défense Nationale.
Les fils de Gaïd Salah, dans cette tempête, n’y ont pas échappé. Quatre ans après leur première arrestation, les voilà de retour à la case départ, compromis en cela comme étant ses principaux soutiens au plus haut niveau de l’institution militaire, visant à dissimuler ses agissements mafieux et corrompus dans l’octroi de contrats lucratifs à des entreprises privées nationales et étrangères. Rien que ça ! Et dire que cela ne fait que commencer.
Décidément, l’Algérie n’en finit pas de nous surprendre. Les récents développements concernant les enfants de Gaïd Salah ne manqueront pas à leur tour de marquer l’histoire des dilapidations des biens de d’Etat et de scandales politico-judiciaires.
Contrairement à l’épisode de 2020 où le président est intervenu pour les protéger les bambins à celui qui a fait de lui ce qu’il est, cette fois-ci, il a fait courbette à l’institution militaire et promis de mettre fin à toute ingérence, présidentielles obligent. Il ne s’opposera pas à leur incarcération avec ou sans preuves accablantes.
Ces Gaïd issus de l’une des familles les plus influentes, font face à une certaine “potentialité“ de détention et vont devoir rejoindre d’autres personnalités emprisonnées sous le régime de leur propre père, un dirigeant emblématique décédé en décembre 2019. Ainsi va la vie en Algérie. A moula nouba !