Le débat sur la révision constitutionnelle ne cesse de susciter des réactions en sens divers. La dernière en date est celle de M. Julien Paluku, politologue, cadre de la territoriale de 1998 à 2019, c’est-à-dire 21 ans, membre du gouvernement central de 2019 à ce jour. Il est aussi technicien de développement formé dans une des meilleures écoles de développement en République démocratique du Congo. Il est doctorant à l’une des meilleures universités de la République, à savoir à l’Université de Kinshasa. ” Je suis également président national du parti politique dénommé Burec, Bloc uni pour la renaissance et l’émergence du Congo, élu par le Congrès du parti d’abord en 2015 et dont le mandat a été renouvelé à Bukavu en décembre 2021″, a-t-il fait savoir.
A l’en croire, ce débat important que le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, a suscité pour en fait donner cette lecture politologique de la situation en Rdc depuis la Première République jusqu’à aujourd’hui, la Troisième République. « Il a été constaté que depuis 1960, nous avons navigué sous un état fortement centralisé, d’une part, à savoir de 1960 à 1997, vers un état qui n’est pas tellement nommé entre 1997 et 2001. Ensuite, un Etat sous transition sans un régime politique bien défini entre 2001 et 2006, pour finalement déboucher sur une constitution qui a défini le régime politique. Tout autant hybride parce qu’il n’est ni parlementaire ni semi-présidentiel, parce qu’il navigue entre les deux », dit-il.
Fort de son expérience, Julien Paluku est conforté dans sa thèse selon laquelle ni l’Etat fortement centralisé ni l’Etat unitaire fortement décentralisé n’ont été des solutions au problème que la République démocratique du Congo a eu. Et donc, au jour d’aujourd’hui, 64 ans après notre indépendance, le pays navigue entre tâtonnement, pauvreté et immobilisme. “Et donc, la France de laquelle nous tirons souvent beaucoup de notre expérience constitutionnelle, à un certain moment, est arrivée à un stade où elle est passée de la 4e à la 5e République et bien évidemment, à travers un référendum, c’était en réponse à l’instabilité de la 4e République marquée par une série de gouvernements avec 19 Premiers ministres différents en seulement 13 ans (…) Et la République démocratique du Congo n’est pas loin d’un tel scénario où la moyenne de vie des gouvernements est de 15 à 18 mois. Ce qui fait que nous sommes presque à plus de 50 Premiers ministres depuis 1960. Et donc, Julien Paluku, fort de tout cet argument a saisi l’opportunité pour appeler à un nouveau vocable dans le microcosme politique congolais à la suite de l’appel du président. Ce vocable s’appelle vivement la 4e République.
Cette République est importante 64 ans après, parce que les trois autres Républiques n’ont pas été une panacée pour les multiples problèmes. Maintenant, le contenu de ce texte qui doit fonder la 4e République, devra s’inscrire dans la dynamique enclenchée par le président de la République lorsqu’il appelle à la constitution d’une commission. C’est cette commission qui devra donner le contenu à cette 4e République.
Cap sur les Etats fédérés
« Là, mon humble avis, ni l’Etat unitaire fortement centralisé, ni l’Etat unitaire fortement décentralisé n’ont constitué de réponse au problème quotidien des Congolais. Et donc, vivement la 4e République est pour moi, le premier point de la République. L’unique voie par laquelle nous devons expérimenter notre mécanisme à l’instar du fédéralisme. Parce que pour avoir été gouverneur pendant 12 ans, j’ai dirigé le Nord-Kivu, qui a une superficie de 59 000 km2. C’est les Rwandais et les Burundis réunis », mentionne-t-il, avant de considérer qu’autant l’ex-province Orientale avait la dimension de la France, autant l’ex-Équateur avait la dimension du Portugal. Et donc, il croit que l’expérience des États-Unis avec les États fédérés pourrait inspirer l’expérience nouvelle de ce qu’il appelle vivement la 4e République.
Et de poursuivre: ” Nous ne pourrions pas avoir la honte à nous retrouver autour d’une table de réflexion pour en parler. Parce qu’il ne faut pas qu’on nous interdise, nous, Congolais du 21e siècle, de réfléchir sur les textes fondateurs qui doivent diriger la République que nous voulons. Parce que d’autres qui ont réfléchi ne sont pas plus intelligents que nous pour penser que nous devons ne nous retrouver que dans le schéma qu’eux ont tracé.
Et donc, le président de la République n’a pas tort de faire cet appel parce qu’il considère que nous ne sommes pas moins que ceux des Congolais qui se sont retrouvés à Sun City pour que nous aussi nous définissions l’avenir qui doit guider la République démocratique du Congo.
Le moment s’y prête
« Et le contexte s’y prête bien parce que nous sommes au début d’un mandat. On dit souvent qu’il ne faut pas parler de la constitution dans le temps suspect. Ici, nous ne sommes pas dans le temps suspect comme on dit. Nous sommes en début de mandat et donc on ne peut pas croire qu’on le fait parce qu’on vise le glissement. C’est donc un contexte qui s’y prête bien parce que nous ne sommes qu’au début de mandat et c’est le moment favorable pour réfléchir tête froide sur le texte fondateur qui doit être celui de la République démocratique du Congo », explique-t-il.
“Vivement donc la quatrième République et vivement les intelligences pour se retrouver à partir du mois de janvier 2025 afin que ces intelligences parmi lesquelles je souhaite qu’il y ait des anciens gouverneurs, des anciens présidents d’Assemblées provinciales, des anciens présidents de chambres parlementaires, des anciens Premiers ministres, chefs de gouvernement et d’autres intelligences qui ont exercé le pouvoir d’État à des niveaux différents. Et ce, pour que cela donne en fait la lecture de l’expérience de la gestion d’un État parce que si on doit rassembler des néophytes qui n’ont jamais exercé le pouvoir d’État, nous nous l’avons exercé en tant que gouverneurs et bien ils vont se retrouver dans une sorte d’élucubration conceptuelle pour pondre encore une fois un texte inadapté aux réalités congolaises”, a émis l’ancien gouverneur du Nord Kivu. C’était avant d’ajouter ceci : ” Et donc, je pense que sans faire nous-mêmes l’apologie de ce que nous pourrions apporter comme contribution, on devra identifier ceux qui ont été à l’exercice du pouvoir depuis 1960 dans tous les schémas qui ont été tracés par la République pour que cela soit ce qui fonde la commission qui doit réfléchir. Pas des gens qui n’ont pas d’expérience de gestion administrative et politique de la RDC pour parler d’une gestion politique à venir alors qu’ils n’en connaissent pas les écueils. Voilà ma contribution pour ne pas appeler à une révision constitutionnelle », tranche Julien Paluku.