Le président français a commencé sa visite en Afrique centrale depuis le 1er mars 2023. Pour sa première étape, Emmanuel Macron a participé, du 1er au 2 mars 2023 au Gabon, au sommet de haut niveau sur la protection des forêts tropicales du Bassin du Congo coorganisé avec le président gabonais Ali Bongo. Déjà ce 02 mars, il était attendu à Luanda en Angola, avant les étapes de Brazzaville le 03 mars et Kinshasa, le 4 et le 5 mars 2023. Pour cette visite où il s’est fait accompagner de plus de 50 hommes d’affaires, Emmanuel Macron s’est fixé plusieurs objectifs dans un monde qui a complétement changé. Nombreux sont ceux-là qui ont noté, à tort ou à raison le désintéressement de la France face à la situation que traverse l’Afrique. A telle enseigne que la France est délogée, voire même supplantée dans ses propres pré-carrés. C’est le cas de la Centrafrique, du Mali ou du Burkina-Faso où la Russie est en train de prendre le devant. Macron tente-t-il de contrer la Russie dans certains pays francophone ?
Les enjeux de la Rdc
Dans tous les quatre pays, c’est l’étape de la Rd Congo qui est très cruciale pour le président français. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les manifestations de colère organisées à Kinshasa et à Goma vous s’en rendre compte. En effet, cette visite intervient dans un contexte compliqué, dominé par la guerre d’agression dont ce pays pivot d’Afrique centrale et de l’Est fait face. Ainsi, l’on peut facilement dégager les enjeux sécuritaires, environnementaux et de partenariat économique.
Si les Congolais sont reconnaissants de l’apport ô combien louable de la France dans le vote des différentes résolutions sur la Rdc au Conseil de sécurité, le pays de Félix Tshisekedi voudrait que la France fasse un peu plus. Victime d’une agression orchestrée par son voisin le Rwanda qui veut profiter du chaos pour continuer le pillage des richesses du sol et du sous-sol, la Rdc a l’impression que sa situation est méconnue, mieux, il n’y a pas assez d’implication ou de soutien de la communauté internationale, à l’instar de l’Ukraine. Et pourtant, c’est la Rdc qui compte un plus grand nombre de morts, sans oublier les femmes violées et d’autres destructions de son écosystème.
Ainsi, pour calmer cette tension de certains congolais qui pensent que la France est derrière les agresseurs de la Rdc, il est attendu de Macron un discours clair et sans ambiguïté, comme l’a laissé entendre Patrick Muyaya, lors du Briefing presse organisé le 01 mars 2023. Sur ce sujet et depuis un certain temps, le chef de l’Etat est très ferme pour condamner l’agression rwandaise et exiger de la communauté internationale des mesures conséquentes.
En Rdc, on reste convaincu qu’aussi longtemps que la communauté internationale (Union européenne, Etats-Unis, Grande Bretagne, …) continuera à verser de l’argent au Rwanda, c’est comme si elle celle-ci finançait le massacre des Congolais via le Rwanda sous le masque des terroristes du M23. Voilà pourquoi Tshisekedi plaidera auprès de Macron pour que ceci cesse et au risque pour les Congolais de prendre leurs responsabilités.
Comme pour dire que la Rdc à travers son chef va demander une seule chose : que la guerre cesse pour permettre à ce pays de se reconstruire, d’organiser son propre développement et de convoquer les scrutins prévus en décembre 2023.
La Rdc, une solution
Devant Macron, Félix Tshisekedi va présenter la Rdc comme étant une solution aux défis environnementaux du monde. Actuellement premier poumon écologique de la planète avant l’Amazonie, le Bassin du Congo est étendu sur une superficie de 240 millions d’hectares de forêts répartis à travers plusieurs pays, dont la République démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville, le Gabon, le Cameroun, la Centrafrique et la Guinée Équatoriale.
« Le bassin du Congo joue un rôle essentiel. C’est le premier poumon de la planète. Le bassin du Congo est celui qui séquestre le plus de carbone devant l’Amazonie. C’est aussi un réservoir de vie qui s’étend sur 240 millions d’hectares et qui contient des trésors inestimables de biodiversité », a déclaré Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse tenue lundi dernier à Paris pour annoncer sa tournée en Afrique centrale. Ceci exige des financements pour que la Rdc soit récompensée au regard des efforts qu’elle fournit pour l’humanité entière.
Au-delà de la forêt, la Rdc regorge des minerais qui entrent dans la fabrication des batteries et véhicules électriques. Pour ce faire, une Zone économique commune entre la Rdc et la Zambie est en préparation et c’est le moment pour la France de venir signer des partenariats économiques à l’instar de la Chine et des Etats-Unis d’Amérique qui ont déjà manifesté leur volonté. Maintenant que la Rdc a lancé son programme de développement à la base des 145 territoires, l’apport des partenaires comme la France ne peut qu’être la bienvenue.
Il est de notoriété publique que si les pays occidentaux acceptent d’investir en Rdc, ils prendront des précautions pour que l’insécurité soit élaguée, surtout que l’argent n’aime pas les bruits. Avec des potentialités énormes en termes de gaz, de pétrole et des mines, la Rdc reste ouverte aux firmes françaises qui ont une vieille expérience en la matière. Car en effet, si Total a investi en Ouganda et partout ailleurs, pourquoi est-ce qu’il ne viendrait pas donner un coup de pouce au développement de la Rdc ?
Jean-Marie Nkambua