Emanant du bureau du porte-parole du Département d’Etat (ministère des Affaires étrangères), le communiqué date du 4 janvier 2023. L’ambassade des Etats-Unis en RDC l’a publié le 5 janvier avec la consigne habituelle « Pour Distribution Immédiate». Le premier de ses cinq paragraphes est ainsi libellé : « Les États-Unis saluent le rapport à mi-parcours du Groupe d’experts des Nations unies publié le 30 décembre et partagent les préoccupations exprimées dans celui-ci concernant la forte augmentation de la violence, ainsi que la détérioration de la sécurité et de la situation humanitaire dans l’est de la république démocratique du Congo (RDC)».
Le deuxième paragraphe est formulé en ces termes : « Reconnaissant le leadership des chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est et de l’Angola, nous exhortons les dirigeants et les acteurs armés de la région des Grands Lacs à accélérer la mise en œuvre des multiples engagements pris pour mettre fin au conflit, en particulier ceux convenus lors du mini-sommet de Luanda sur la paix et la sécurité qui s’est tenu le 23 novembre. Nous attendons du Mouvement du 23 mars (M23), sanctionné par les Nations unies, qu’il se retire dans les lieux spécifiés dans le communiqué de Luanda du 23 novembre, et nous appelons tous les groupes armés, y compris le M23, à cesser toute hostilité, à déposer les armes et à se joindre aux consultations du processus de Nairobi menées par la Communauté d’Afrique de l’Est entre le gouvernement de la RDC et les groupes armés».
Celle du troisième paragraphe est « Prenant note des preuves claires du soutien rwandais au M23 et des rapports crédibles de graves violations des droits humains par le M23, nous réitérons notre appel au Rwanda pour qu’il cesse tout soutien au M23 et retire ses soldats de l’est de la RDC. De même, nous dénonçons la collaboration entre des éléments des forces armées congolaises (FARDC) et des groupes armés, dont les FDLR, comme le souligne le rapport. Nous condamnons fermement les attaques menées par de multiples groupes armés contre les Casques bleus de l’ONU, ainsi que les actes rapportés de torture, les viols et les attaques contre des civils commis par de multiples acteurs armés, qui ont contribué à des déplacements massifs au cours de la période considérée».
Tandis que le quatrième paragraphe est rendu en ces termes : « Enfin, nous soulignons notre inquiétude face à l’escalade inquiétante de la xénophobie et des discours de haine incitant à la violence contre la communauté rwandophone en RDC, qui a été mise en évidence dans le rapport. Nous demandons instamment aux responsables de la RDC de continuer à s’exprimer pour condamner ce type de discours et de demander des comptes à ceux qui recourent à la violence».
Le cinquième paragraphe, quant à lui, se constitue de cette phrase unique : « Les États-Unis se félicitent des recommandations du rapport et saluent les actions diplomatiques menées par l’Afrique, notamment les processus de Nairobi et de Luanda, pour promouvoir la paix».
Evidemment, comme ils en ont pris l’habitude, les Congolais saluent avec la promptitude et l’enthousiasme qui les caractérisent un communiqué pourtant… assassin !
Et pour cause !
Au profit de Kigali
Relisons le deuxième paragraphe qui comprend deux messages. Le premier est la reconnaissance du leadership des chefs d’Etat de la région des Grands-Lacs, entendez la Sadc, la Cirgl et la Cae, pour mettre fin au conflit. Le deuxième concerne directement le M.23. Les Etats-Unis disent attendre du M23 « sanctionné par les Nations unies » le retrait dans tous les lieux spécifiés dans le communiqué de Luanda du 23 novembre 2022 et appellent, tenez-bien, « tous les groupes armés, y compris le M23, à cesser toute hostilité, à déposer les armes et à se joindre aux consultations du processus de Nairobi menées par la Communauté d’Afrique de l’Est entre le gouvernement de la RDC et les groupes armés ».
Ainsi, Washington enjoint le groupe terroriste sanctionné par l’Onu à se retrouver aux côtés de tous les groupes armés congolais avec lesquels le Gouvernement congolais est en pourparlers pour un cessez-le-feu inconditionnel.
Or, la position de Kinshasa est connue de tous les protagonistes : on ne négocie pas avec les terroristes !
Entre-temps, les Congolais entendent et attendent voir la Force régionale entrer en guerre avec le M23 !
Ce n’est pas fini.
Le troisième paragraphe renvoie dos à dos Kinshasa et Kigali.
Se fondant sur le rapport du panel des Nations Unies, Washington, d’un côté, dit réitérer son appel «au Rwanda pour qu’il cesse tout soutien au M23 et retire ses soldats de l’est de la RDC » et, de l’autre, dénonce « la collaboration entre des éléments des forces armées congolaises (FARDC) et des groupes armés, dont les FDLR, comme le souligne le rapport».
Mise en bémol pendant la conférence Etats-Unis/Afrique mi-décembre 2022, cette position est exactement celle exprimée en septembre par Anthony Blinken à l’étape de Kigali, lors de son dernier périple africain.
Ce n’est toujours pas fini. Comme on dit «Jamais deux sans trois», Washington exprime son inquiétude « face à l’escalade inquiétante de la xénophobie et des discours de haine incitant à la violence contre la communauté rwandophone en RDC, qui a été mise en évidence dans le rapport ».
C’est aussi clair que net : c’est le leitmotiv du belliciste Kagame.
Ainsi, la lecture posée, froide et rationnelle du communiqué du Département d’Etat révèle et confirme au profit de Kigali les trois messages-clés du paragraphe 2 (implication du M23 dans le Processus de Nairobi), du paragraphe 3 (retrait du soutien du Rwanda au M23 et de la RDC aux Fdlr) et du paragraphe 4 (inquiétude par rapport à la communauté rwandophone de la RDC).
On ne voit finalement pas en quoi la Déclaration du Département d’Etat est favorable à la RDC pour que les Congolais se mettent à chanter et à danser parce qu’ils sont heureux !
D’ailleurs, cette Déclaration est du même cru que celle de l’Union européenne publiée le 31 décembre 2022. Comme pour dire de l’Occident qu’il sait rester ferme dans son schéma…
Omer Nsongo die Lema